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Manifestation nationale pour la Fête Libre - 31/01/2015 - Besançon

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« Rien n'arrête un peuple qui danse ! »

« Laissez-nous raver ! »

Voici quelques slogans qu'on pouvait lire sur les banderoles de la manifestation organisée devant la mairie de Besançon ce samedi après-midi.

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Sur l'Esplanade des Droits de l'Homme de la capitale Franc-Comtoise, sous le regard bienveillant de la statue de Victor Hugo, une centaine de personnes représentant les différents sound-systems de la région s'étaient regroupées dans la bonne humeur.

La manifestation est nationale, des rassemblements ont eu lieu au même moment dans plus de 45 villes partout en France.

Sous quelques chapiteaux décorés par des banderoles, le public pouvait aller à la rencontre des acteurs du mouvement tekno, discuter autour d'un café, trouver de la documentation, et aussi écouter quelques livers et DJ passer leur musique sur une petite sono.

Le but de cette manifestation est de sensibiliser le grand public et les représentants politiques aux difficultés rencontrées par le mouvement tekno, et aussi et surtout de lutter contre les idées reçues.

« Sound-system... Free Partys... Multi-sons... Teknival... c'est quoi ? »

Un sound-system désigne à la fois le matériel de sonorisation et le collectif de personnes qui organisent les concerts.

Derrière les noms de free partys, de multi-sons, de teknival, se trouve le même concept : un concert de musiques électroniques éclectique qui dure plusieurs heures voir plusieurs jours, dont l'entrée est sur donation, c'est-à-dire à prix libre. Les consommations sont à tarif modéré, et tout le monde est accepté à l'entrée, sans discrimination, ni physionomiste.

Cette philosophie s'est construite dans les années 1990 en réaction au milieu des boîtes de nuit, caractérisé par un prix d'entrée élevé, des consommations hors de prix, une musique formaté et une sélection à l'entrée.

Une free party est un évènement de petite taille, avec un seul sound-system, le concert dure en général une nuit. A l'inverse, un teknival est un rassemblement énorme où des dizaines voire des centaines de sound-systems sont regroupés sur un vaste terrain pendant plusieurs jours.

Les plus gros teknivals ont rassemblés plus de 100.000 personnes. Un multi-son est un évènement de taille intermédiaire, avec quelques sound-systems qui s'installent pendant un week-end.

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« Tekno... Techno... Musiques électroniques... c'est quoi ? »

Les musiques électroniques existent depuis plus de trente ans. La musique électronique est faite avec des synthétiseurs, des samplers, des ordinateurs, mais aussi toutes sortes d'appareils électroniques détournés de leur fonction : magnétophones à bande, effets pour guitare, consoles de jeux, ...

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A noter également : le mix, ou l'art du DJing, est une discipline à part entière. Les DJ ne se contentent pas de passer des disques, mais mélangent les pistes et y ajoutent des effets pour créer leur propre esthétique. Cette pratique est si importante que certains producteurs sortent des disques spécialement conçus pour être mixés avec d'autres.

Tout comme le rock, l'appellation musique électronique regroupe un grand nombre de styles différents : trance, house, techno, danse, tribe, acid, hardcore, minimale, drum'n'bass, dubstep, jungle, ...

Le mouvement tekno a aujourd'hui 22 années d'existence ; le premier teknival a été organisé en juillet 1993 par U.F.O.T (United Forces Of Techno).

Les musiques électroniques ne sont plus une nouveauté !

D'ailleurs dans la manifestation, pas mal de participants on dépassés la quarantaine, sont mariés et ont des enfants qui vont au lycée.

Pourtant, les idées reçues ont la vie dure...

« La tekno ce n'est pas de la musique c'est du bruit ! »

Voici ce qu'on entendait dans les années 1990. A l'époque, nous nous disons que, comme le rock avant nous, ou comme le jazz avant nous, la tekno en tant que nouvelle discipline artistique allait devoir essuyer les plâtres avant d'être reconnue.

Dans les années 1990, les musiques électroniques n'étaient pas enseignées dans les cursus artistiques. La première fois que j'ai entendu la phrase « La tekno ce n'est pas de la musique c'est de la merde », c'était dans la bouche de mon professeur de musique, au collège.

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De nombreux obstacles

Il y a 20 ans, aucune salle de concert ne voulait accueillir de musique électronique. Les locations de salles des fêtes nous étaient refusées. Les vieux hangars désaffectés ou les clairières perdues au milieu de la forêt étaient les seuls endroits où nous pouvions nous produire.

Mais plus de 20 ans plus tard, la situation n'a pas vraiment changé.

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Certes, maintenant la musique électronique est enseignée au conservatoire. Les salles de concerts, qu'il s'agisse des SMAC ou des bars, ont intégré dans leur programmation plusieurs styles de musique électronique.

Mais les idées reçues sont toujours là.

La situation s'est même dégradée : en 2002, une loi visant spécifiquement les rassemblements tekno a été adoptée.

L'organisation d'un concert a été soumise à autorisation, et pendant les deux premières années aucune n'a été délivrée. Ensuite, elles n'ont été délivrées qu'au compte-goutte. Les artistes, associations et le public n'avaient alors que deux choix : abandonner ou continuer dans la clandestinité.

Pour avoir organisé un concert, de nombreuses personnes ont été condamnées à de lourdes sanctions : saisie du matériel, saisie des véhicules, amendes de plusieurs milliers d'euros.

Aujourd'hui encore, un sound-system ou une association qui souhaite louer une salle des fêtes pour y organiser un concert se verra quasi-systématiquement refuser la location.

C'est injuste... et illégal.

En effet, ces équipements sont financés avec de l'argent public et ils doivent bénéficier à tous.

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« La tekno c'est un truc de drogués ! »

L'année dernière - en 2014 donc - je faisais partie de l'organisation d'un festival.

J'ai proposée à une personne de l'équipe de ce même festival une invitation pour assister à un concert techno/trance organisé depuis plusieurs années par une association de la région.

A ma grande surprise, elle a éclaté de rire et m'a répondu « la tekno c'est un truc de drogués ». Pourtant, cette personne est de la même génération que moi (j'ai 34 ans) et elle travaille dans le service culturel d'une collectivité locale.

Cela m'amène à faire un autre constat amère : alors qu'en France, pays de l'exception culturelle, les arts plastiques, l'art contemporain, le théâtre, la musique classique bénéficient d'un soutient conséquent des pouvoirs publics, les musiques actuelles (rock, reggae, hip-hop, ...) sont à la traîne, et, parmi elles, les musiques électroniques encore plus.

D'ailleurs les acteurs du mouvement tekno n'en sont même pas au stade de demander un soutien pour leur activité ou une quelconque reconnaissance ; pour leur moment ils demandent simplement qu'on arrête de leur mettre des bâtons dans les roues.

Tout est bon pour pourrir la vie des organisateurs d'évènements tekno. Depuis 10 ans avec mon blog photo j'ai beaucoup suivit la scène tekno underground et j'ai vu beaucoup de choses scandaleuses.

Je ne compte plus les évènements organisés plusieurs mois à l'avance et pour lesquels les autorisations ont été retirées à la dernière minute. Ou encore les articles dans la presse locale et nationale caricaturaux et méprisants. Et aussi les contrôles de police systématiques (qu'on fasse de même à la sortie des vernissages et on pourrait avoir quelques surprises...)

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Les responsables culturels aux abonnés absents

Actuellement, au niveau national, les représentants du mouvement tekno continuent de négocier avec le Ministère de l'Intérieur et le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Le Ministère de la Culture brille par son absence.

Voilà où nous en sommes après plus de 20 ans de combat.

C'est tout à fait aberrant.

Il faudrait se poser la question de voir comment sont formés et recrutés les professionnels de la culture, tant au niveau national qu'au niveau local.

Je ne compte plus les fois où j'ai essayé d'expliquer le mouvement tekno à tel ou tel représentant politique ou culturel, et où j'ai eu l'impression de parler à quelqu'un qui a 30 ans de retard sur notre époque.

Comment l'élite culturelle de notre pays peut-elle comprendre notre époque si elle méprise et ignore le mouvement tekno ?

D'ailleurs, ce samedi à Besançon, les seuls représentants des pouvoirs publics qui sont venus nous voir étaient des policiers municipaux et des représentants de la préfecture, forts sympathiques au demeurant.

Aucune personne d'aucun service culturel n'était présente. Aucun élu non plus.

Si la manifestation avait concerné un domaine artistique autre que la tekno ou les musiques actuelles, ils seraient tous venus.

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Le mouvement tekno : un succès malgré tout

Alors que tout a été fait pour décourager les amateurs et les organisateurs d'évènements tekno, nous sommes toujours là.

Malgré une absence d'aides publiques, des moyens précaires, une campagne de presse calomnieuse et de multiples obstacles, il est remarquable de constater qu'un Teknival peut toujours réunir plus de 100.000 spectateurs aujourd'hui, soit autant et même plus qu'une bonne partie des gros festivals officiels de la France.

Partout en France, dans chaque région, malgré les saisies, malgré les obstacles, les sound-systems sont toujours là et de nouveaux apparaissent chaque année.

Le mouvement tekno concerne aujourd'hui plusieurs générations. Les pionniers du début des années 1990 s'approchent de la cinquantaine aujourd'hui.

« Il y a un vrai problème de drogue avec la tekno (?) »

Curieusement, on ne parle de la drogue que lorsqu'on parle d'un évènement Tekno, ou des banlieues. Comme s'il n'y en avait pas ailleurs.

C'est évidement faux : on trouve de la drogue dans les boîtes de nuit, dans les festivals de rock qu'il s'agisse du Hell Fest ou des Eurockéennes. On trouve de la drogue aussi dans les campus, dans les lycées, dans les beaux quartiers, et dans nos villages.

Cette vision des choses est d'autant plus injuste que le mouvement tekno a été le pionnier de la politique de réduction des risques en milieu festif (RDR). Ces actions de santé publique commencent seulement à arriver dans les SMAC, les bars, les discothèques et les festivals alors qu'elles sont apparues il y a plus de 15 ans dans les Teknivals et Free-Partys.

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« Vous faites trop de bruit, trop de nuisances ! »

Plusieurs facteurs font qu'aujourd'hui, la lutte contre les nuisances est devenue une priorité pour tous les élus locaux : gentrification des centres urbains, le baby-boom d'hier qui est devenu le papy-boom d'aujourd'hui, ...

Les musiques électroniques en particulier subissent les mêmes contraintes que les musiques actuelles en général.

En 15 ans, la loi anti-tabac et la loi anti-bruit ont presque tué tous les bars et boîtes de nuit. Les nouvelles normes de sécurité incendie et la loi handicap n'arrangent rien. En trente ans la moitié des boites de nuit on fermés. Alors qu'il y avait 500.000 licences IV en France en 1950, il y en a moins de 34.000 aujourd'hui.

Dans les villes et les villages, beaucoup de salles des fêtes ne peuvent plus être utilisées pour faire la fête car des logements se sont construits autour.

Trouver un lieu pour organiser un concert est devenu un parcours du combattant.

Néanmoins force est de constater que des contraintes sont à géométrie variable : quand un comité des fêtes doit organiser une soirée années 80 ou un bal du 14 juillet, il arrive toujours à trouver une solution.

De même, quand l'adjoint à la culture d'une ville organise « son » évenement, il n'y a aucun problème.

Un concert tekno n'est pourtant rien d'autre qu'une scène avec des musiciens et des gens qui dansent devant.

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Un sound-system c'est un groupe de bénévoles qui montent des chapiteaux, qui installent une sono avec une buvette, pour des gens qui font la fête.

Finalement un sound system tekno et un comité des fêtes c'est à peu près la même chose.

C'était d'ailleurs un des buts de la manifestation de samedi.

Montrer que les acteurs du mouvement tekno et leur public sont des citoyens comme tout le monde. Ni drogués, ni méchants, ni irresponsables, ni tout ce que vous voulez, juste comme tout le monde.

La manifestation de Besançon a été organisée par les sound-systems suivants : CANCOILLOTTE, FREEKC, ZIGOTO, RECYKLE, PARAZIT, ASTRAL IPY TEK.

Cliquez ici pour voir les photos de la manifestation

Pour en savoir plus, vous pouvez suivre les liens suivants :

www.technoplus.org

facebook.com/events/738059746271114


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