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Clôture de Bien Urbain - 30/07/2016 - Besançon

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La sixième édition de Bien Urbain vient de s'achever.

Organisé par l'association Juste Ici, ce festival qui propose au public des parcours artistiques dans (et avec) l'espace public, est devenu au fil des ans un rendez-vous très attendu à Besançon, avec une réputation internationale.

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Le point fort du festival est et reste les grandes fresques murales peintes sur les murs de la ville, notamment dans le quartier Battant et le campus de la Bouloie. Les œuvres réalisées resteront visibles plusieurs années et complètent celles créées en 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015.

L'art contemporain sous toutes ses formes

Mais dès ses débuts, Bien Urbain a mis en avant d'autres formes d'art contemporain avec des créations éphémères, des installations interactives ou encore des performances jouant avec nos cinq sens.

Cette année, l'accent fut mis sur l'interactivité avec plusieurs installations animées, de l'électronique interactive et des ateliers où le public pouvait participer activement.

De tout temps les sciences et techniques ont été utilisées par les artistes. Mais notre époque actuelle connait une certaine effervescence grâce à l'arrivée sur le marché de produits à la fois performants, bon marché et faciles à utiliser.

Certaines technologies qui étaient réservées aux laboratoires de recherche il y a quelques années seulement sont maintenant à la portée de tous pour des sommes dérisoires.

Art 2.0

On pensera notamment aux micros ordinateurs Raspberry Pi, aux imprimantes 3D en kit, aux drones de loisirs, aux modules de communication sans fil… le plus important étant que grâce à l'informatique open source, ces systèmes sont relativement faciles à interconnecter entres eux. Il est possible d'assembler toutes sortes d'objets intelligents, autonomes ou pilotés depuis un smartphone ou ordinateur.

Ce sont notamment les bisontins de la compagnie Tricyclique Dol et du laboratoire 3615 Señor qui ont exploité ces techniques cette année.

Jouer avec l'espace public à toutes les échelles

Bien Urbain a continué cette année à offrir aux artistes et au publique quelques grandes fresques murales jouant avec les bâtiments et le paysage, marque de fabrique du festival.

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Certains artistes ont souhaité au contraire jouer avec malice avec les petites aspérités de l'espace public.

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On retiendra cette année les personnages de Cyop & Kaf ou encore les réalisations du plasticien Clément Richem. Tomber par hasard ou trouver une de ces œuvres dans la ville tient presque de la chasse au trésor ou du jeu de piste.

Censure et polémiques

Le festival a, cette année, connu son premier cas de censure. Une peinture murale de Nano 4814, sur une façade du quartier de la Bouloie, a été effacée par le propriétaire du bâtiment, certains locataires se sentant mal à l'aise avec le contenu de l'œuvre.

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Depuis quelques années également, plusieurs tracts accusant notamment le festival de contribuer à la gentrification de la ville ont été collés sur des œuvres.

Bien Urbain est un festival dont la particularité est d'exposer des œuvres dans l'espace public ; d'autre part le festival et les propriétaires mettant à disposition leurs murs s'engagent à laisser carte blanche aux artistes.

Contrairement aux œuvres d'art présentées à l'abri dans le cadre d'un musée, fréquenté par un public avertit et à priori favorable, les artistes programmés par Bien Urbain s'exposent à la vue de tous, prenant le risque de recevoir un accueil négatif.

Ce risque fait partie du jeu.

L'espace public est un lieu d'expérimentation intéressant mais semé d'embûches. Les œuvres sont souvent critiquées, parfois violement. La situation n'est ni nouvelle, ni particulière à Besançon.

On se souvient de la polémique créée par l'œuvre de Paul McCarthy place Vendôme à Paris, qui a déclenché un énorme buzz sur les réseaux sociaux avant qu'un Don Quichotte anonyme, armé d'un couteau, porte un coup fatal à la sculpture gonflable. Ou encore de la fontaine d'Alain Mila repeinte en bleu par la mairie de Hayange.

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L'audace de certains architectes fait face aux mêmes problématiques. Au moment de leur construction, la Tour Effel, le Centre Pompidou ou la Pyramide du Louvre ont reçu un accueil assez négatif ; presque tout le monde l'a oublié mais le démontage de la Tour Effel avait même été prévu dès l'origine du projet.

Les organisateurs du festival et les artistes invités savent que les œuvres peuvent êtres critiquées, vandalisées, effacées ou détruites. D'ailleurs, dans l'esprit original du street-art, certaines sont mêmes réalisées pour ne durer qu'un temps limité ; c'est le cas des peintures qui ont été tracées sur des bâtiments en cours de démolition, ou encore des installations éphémères.

Avec les années, Bien Urbain a construit une visuelle très forte à Besançon, au point que pour plusieurs habitants et visiteurs, Bien Urbain symbolise la ville, ce qui en fait une cible pour les personnes qui dénoncent tel ou tel aspect de la politique de la majorité municipale.

Subventionné par la Ville et différentes institution culturelles publiques, Bien Urbain est associé à la politique culturelle publique, comme le sont également la plupart des autres associations de la ville œuvrant dans le domaine de la musique, du théâtre, du sport… Mais dans l'esprit de ses contradicteurs, Bien Urbain se voit associé à l'ensemble de la politique de la ville, qu'il s'agisse d'urbanisme, de social, de sécurité… situation délicate à gérer pour les bénévoles, les organisateurs et les artistes.

Il ne s'agit pas de rejeter les analyses politiques affichées sur les tracts. Au contraire, il est nécessaire d'organiser un vrai débat sur la gentrification et d'évaluer la pertinence de la vidéosurveillance et du mobilier anti-SDF récemment installés dans la ville. Mais ces questions doivent être adressées aux bons destinataires : les élus.

Il faut apprécier et juger Bien Urbain pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait : de l'art dans l'espace public.

Clôture dans la bonne humeur

Dans ce contexte délicat, les membres de l'association Juste Ici on réussit à préserver l'esprit original de leur festival. Pendant deux mois le public a pu participer gratuitement à des visites, à des animations et à des rencontres avec des artistes de renommée internationale. Les activités proposées étaient assez intéressantes pour les connaisseurs tout en restant attractives et accessibles au grand public.

Le quartier général de Bien Urbain, installé dans un bar, fut un lieu de rencontre sympathique pour les habitants du quartier et les visiteurs de passage.

Le festival s'est achevé samedi soir avec sa traditionnelle méga-nouba de clôture. Au programme de la musique, un tournoi de blacksprint et une compétition d'un sport issu d'un mélange entre le ping-pong et la science-fiction.

Ci-dessous vous trouvez quelques photos de la soirée de clôture et des œuvres réalisées cette année.


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