Dans la nuit du dimanche au lundi 28 septembre 2015, une éclipse totale de lune était visible en France.



C'est un curieux hasard : vu de la Terre, le diamètre apparent de la Lune et du Soleil sont identiques. C'est ce qui permet à la Lune d'éclipser le Soleil, comme ce fut le cas quelques mois plus tôt.

L'inverse est vrai également : vu de la Lune, la Terre peut éclipser le Soleil ; mais du point de vue de la Lune, le diamètre apparent de la Terre est beaucoup plus gros que celui du Soleil. C'est pour cette raison que les éclipses lunaires sont plus fréquentes que les éclipses solaires.

En fait, si les orbites de la Terre et du Soleil étaient sur le même plan, il devrait y avoir des éclipses chaque mois, les trois astres étant alignés. Mais un léger décalage rend ce phénomène plus rare.

Le hasard a fait que les conditions d'observations étaient idéales : ciel clair et sans nuage, pas de vent, température fraiche mais positive (le froid limite le bruit des capteurs d'appareils photos).

J'ai donc décidé de photographier cette éclipse. La soirée avait mal commencé : mon objectif 70-200mm f2.8 a rendu l'âme ; je ne m'en étais pas servi pendant plus d'un an et il est resté bloqué.

Je me suis rabattu sur un objectif à miroir 500mm, une curiosité bon marché que j'ai déniché par hasard. Avec un capteur au format APS-C on obtient une focale équivalente de 750mm.

Pour obtenir la Lune en plein écran sans recadrage il faudrait une focale de 2000mm.

L'appareil doit être parfaitement stable. Utiliser un trépied solide et lourd ne suffit pas ; il faut aussi déclencher l'appareil à distance ou utiliser le retardateur car lorsque l'on touche l'appareil, même doucement, il bouge.

Autre difficulté : avec une focale élevée le mouvement de rotation de la terre devient visible en pose longue, et créé un flou de mouvement. Si on photographie la voute céleste avec une pause très longue, on peut voir les étoiles se transformer en petits arcs de cercles dont le centre est l'étoile polaire.

Pour éviter ce problème il faut utiliser une monture motorisée comme pour les télescopes.

S'agissant de photographier la Lune le problème ne se pose pas car notre satellite naturel est un astre très lumineux. L'objectif utilisé fait 500mm avec une ouverture fixe de 6.3 ; pour photographier la pleine lune avec une exposition correcte, 100iso suffisent avec un temps d'exposition de 1/500ième de secondes !

D'ailleurs la Lune est tellement lumineuse que lorsqu'elle est pleine elle « écrase » littéralement le ciel, nous empêchant de voir la plupart des étoiles et la voie lactée.

C'est pour cela que les nuits sans lune sont idéales pour observer les constellations.

L'éclipse débute à 3h00 du matin. Au fur et à mesure que l'ombre de la Terre recouvre la Lune, on peut voir le ciel s'obscurcir et les étoiles réapparaître à nos yeux.

Lorsque la Lune est complétement dans l'ombre, un phénomène intéressant se produit : sa face est éclairée uniquement par le rayonnement solaire filtré qui traverse l'atmosphère à la périphérie de notre planète, et elle devient orange.

Le ciel devient magnifique. La lune orange est très belle à observer et elle est suffisamment sombre pour qu'on puisse voir toutes les étoiles autour.

Comme la Terre a un diamètre apparent bien plus grand que nécessaire pour éclipser la Lune, cette phase de Lune orange dure assez longtemps (une bonne demi-heure) alors que la phase d'éclipse totale du Soleil ne dure que deux minutes.

La Lune finit par sortir du cône d'ombre de la Terre et le ciel retrouve son aspect habituel.

Vous trouverez toutes les photos ci-dessous :