Rodiathèque #1 - 26/02/2015 - Besançon
Ce jeudi la médiathèque Pierre Bayle à Besançon accueillait la première édition de la Rodiathèque.
Créé par la Rodia, ce nouveau rendez-vous propose au public de découvrir l'univers d'un artiste ou d'un groupe local par le biais d'une conférence et d'un show case.
L'initiative n'est pas nouvelle à Besançon. Si les musiques actuelles (rock, reggae, techno, rap, …) sont très populaires, le grand public ignore souvent les origines et l'histoire de chaque courant artistique. En 2011 à Besançon, plusieurs artistes et associations de musique ont souhaité combler ce besoin et avaient organisé une série de soirées docu-concerts dans le bar la Cour des Miracles, qui a fermé depuis.
Une soirée avait mis en lumière le monde des free-partys, une autre le phénomène du Funk Do Brasil, et la dernière l'univers de la musique Trance.
D'autres conférences et documentaires sur la musique ont été organisées lors de festivals, comme Papiers Raclés ou Electroclique
Ce soir, la Rodiathèque s'intéresse au hip-hop alternatif. Le groupe bisontin Greenshop, un des fers de lance de la discipline, clôtura la soirée par un concert.
Nicolas Sauvage commence par expliquer au public les origines du hip-hop.
Si le concept de sound-system avec un DJ aux platines a été inventé en Jamaïque dans les années 1950, le hip-hop apparaît aux USA dans les années 1970.
Des artistes pratiquant le spoken word, un mélange entre parlé et chanté, posent les premières bases, comme Gil Scott-Heron ou encore The Last Poets.
Plus qu'un mouvement musical, le hip-hop se construit comme un art de vivre, au travers de cinq piliers qui sont le rap, le DJing, le break-dancing, le graffiti et le beat-boxing. Il se développe notamment à New York sur la côte Est des USA.
Après une première époque old-school, le hip-hop se déplace du côté de la côte ouest des États-Unis et notamment à Los Angeles.
L'opposition côte Est / côte Ouest devient très médiatique, donnant lieu à des affrontements entre les artistes.
Apparait également le gansta-rap, très médiatisé lui aussi, où les artistes se mettent en scène avec exubérance et provocation. Du fait de la violence des paroles, les disques doivent portent le logo Explicit Lyrics Parental Advisory, qui devient rapidement une marque de fabrique. Les vidéo-clips ont un côté bling-bling et montrent des grosses voitures, des femmes dénudées et des chanteurs qui portent plusieurs kilos de chaines en or sur des vêtements de marque.
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Plusieurs artistes se distinguent et essayent de faire du hiphop autrement.
Ils expérimentent la fusion avec le jazz, ainsi que le retour aux origines soul et reggae, et écrivent des textes en étant influencé par la poésie ou la chanson traditionnelle.
Ces artistes ayant une autre vision du hiphop ne seront pas cantonnés aux milieux confidentiels, certains connaîtrons même un vif succès dans les années 1990 comme Les Fugees ou MC Solaar.
Greenshop est un bon exemple de groupe ayant choisi cette voie. Créé à l'initiative de José Shungu, Greenshop réuni de nombreux artistes d'ici et d'ailleurs : Zo, Aurélien Dudon, Greg Culas, Claudio Ibarra, et les Mystically en invitées spéciales.
Le groupe vient de sortir son premier album, baptisé Kinshasoul, qui nous propose un voyage moderne allant du hip-hop des 90' aux racines zaïroises de l'artiste, en passant par la soul, l'électro ou le jazz…. Il a été enregistré en collaboration avec Jean-Marc Blanc, Boris Pauthier, Sandro Quispe Cardenas, Damien Groleau, le MC d'Oakland Raashan Ahmad et DJ Atom de C2C.
José Shungu a commencé sa carrière avec le groupe de hiphop Artiste Réaliste puis La Cédille, ensuite il a créé l'association ATTILA et a programmé pendant plusieurs années le Festival des Echanges Urbains.
Plus récemment, il a collaboré pendant une année avec la Rodia en tant qu'artiste associé en 2011 ; il s'est aussi occupé de la programmation du Café-Concert Le Maquis, bien connu des bisontins.
Kinshasoul correspond à la volonté actuelle de José, qui souhaite évoluer et se démarquer de l'image actuelle du rap.
Aujourd'hui le hiphop continue à exister sous toutes ses formes, et les expériences de fusion avec d'autres styles deviennent courantes. Des groupes de rock, de ska ou de chanson française n'hésitent plus à briser les frontières et à produire quelques titres hiphop ou avec des passages rapés, voire à incorporer un rappeur ou un beatmaker dans leur équipe.
Ci-dessous vous trouverez quelques photos et une vidéo du concert et de la conférence.