Festival Détonation - 25/09/2014 - La Rodia à Besançon
Cette semaine, pour l'ouverture du festival Détonation, la Rodia a offert une carte blanche au collectif d'associations de musique « Le Consortium ».
Six de ses associations ont sélectionnées chacune une formation musicale haute en couleurs.
Plusieurs styles de musique ont été mis à l'honneur : reggae, hip-hop, électro et rock.
Sur ce site vous trouvez les photos et les vidéos de chaque soirée, et une petite présentation des associations et des artistes qui ont participé.
Mais vous vous demandez peut-être « Le Consortium, c'est quoi ? »
Et bien je vous propose de le découvrir avec un jeu de questions réponses.
« Le Consortium, c'est qui exactement ? »
Le collectif « Le Consortium » a été créé au printemps 2012 par les associations qui organisent bénévolement des concerts à Besançon depuis plus de dix ans : Uppertone, Le Citron Vert, Mighty Worm, Attila, No Fate, Le Club de Gym, Lunarmouth, Vouhvoue, Dans l'Œil, Underpolis.
Plusieurs personnes et artistes qui soutiennent les cultures alternatives sont également membres du Consortium, dont le créateur de ce site Internet, Rémy Lucas.
En 2013, cinq nouvelles associations ont rejoint le collectif : Le Thé Chaud, 1DSens, COGIP, Topaz Prod, et Visual Break.
Le Consortium réunit ainsi plusieurs générations d'acteurs, qui couvrent l'ensemble des styles artistiques des musiques actuelles : reggae, hip-hop, électro, rock, chanson française.
« Pourquoi créer ce collectif ? »
En discutant entre elles, les associations se sont rendu compte qu'elles constataient toutes la même chose : il est de plus en plus difficile d'organiser des concerts et de faire de la musique.
En particulier, à Besançon il y a une pénurie de lieux où il est possible de jouer. Par rapport aux années 2000, de nombreuses salles et bars ont fermé ou cessé d'organiser des concerts.
En 2012 notamment, la fermeture définitive de la Cour des Miracles puis de la Péniche Vodka Bar a créé un énorme vide.
Ces deux lieux organisaient six concerts par semaine en moyenne, permettant à de nombreux groupes de musique de jouer, et faisant profiter le public de concerts abordables ou gratuits.
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Autre aspect des choses : nous nous sommes rendus compte que les musiques actuelles ne sont pas toujours considérées à leur juste valeur - c'est-à-dire comme un mouvement culturel à part entière. Parfois, l'ignorance des uns fait que nous sommes considérés de façon caricaturale et négative, comme « des jeunes qui font du bruit ».
A partir de ces constats, que faire ?
Hors de question que chacun retourne pleurer ou râler tout seul dans son coin. L'union fait la force, la création d'un collectif était une évidence aux yeux de tous.
Se rassembler d'accord... mais pour faire quoi ? Protester ? Une approche plus pragmatique et utile a été préférée.
Il a été décidé de se rassembler pour mettre au point une solution, et la proposer aux pouvoirs publics. En effet, la meilleure façon de briser les idées reçues sur les musiques actuelles est de démontrer que nous sommes capables de construire un projet solide et de qualité. Ainsi le Consortium a vu le jour.
« Mais pourtant il y a la Rodia ? »
Ouverte au public en 2011, la Rodia est un lieu que nous apprécions beaucoup, d'ailleurs certaines associations y organisent quelques évènements chaque année.
Mais la Rodia est une grosse structure, plutôt dédiée à l'organisation de gros concerts, à raison de 80 dates par an.
La Rodia est l'endroit idéal pour organiser un évènement avec une grosse tête d'affiche, mais elle ne comble pas le besoin « quotidien » des associations.
Elle ne peut pas répondre non plus à la demande de tous les petits groupes de musique, qu'ils soient de Besançon ou juste de passage dans notre ville.
D'ailleurs la Rodia est submergée de demandes, et en 2013 plusieurs associations ont dû renoncer à y organiser un concert, faute de dates disponibles.
Et il faut savoir que depuis deux ans, chaque semaine, les associations de musiques de Besançon refusent des demandes d'artistes, faute de lieu disponible pour les faire jouer.
La pénurie de lieux pour organiser des concerts à Besançon est bien réelle.
« Quels sont les objectifs du Consortium ? »
L'objectif principal est la mise en place à Besançon d'une salle de concert de taille « intermédiaire », c'est-à-dire entre un bar et la Rodia (pour 170 personnes). Une moyenne de trois concerts par semaine y serait organisée, ce qui permettrait à une vingtaine d'associations d'y faire sept à huit concerts par an chacune.
Notre but est aussi de représenter les associations auprès des pouvoirs publics, pour faire reconnaitre les musiques actuelles et les artistes locaux à leur juste valeur.
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« Est-il possible de rejoindre le Consortium ? »
Oui ! Si vous êtes une association qui défend les musiques actuelles et les cultures alternatives, et que vous êtes en accord avec la charte et les statuts du Consortium, vous pouvez rejoindre le collectif. La cotisation annuelle est de 10 euros.
Si vous êtes une personne passionnée par la musique et que vous voulez vous investir dans la vie locale, vous pouvez aussi faire partie du Consortium. La cotisation annuelle est de 5 euros.
Vous pouvez contacter le Consortium via consortium.besancon@gmail.com ou www.facebook.com/LeConsortium
« Qu'est-ce le Consortium fait de concret ? »
Le Conseil d'Administration du Consortium, composé de personnes issues des différentes associations, a travaillé pendant deux ans pour élaborer un projet détaillé d'aménagement et de gestion d'une salle de concert intermédiaire.
Conscient du contexte économique actuel, les bénévoles du Consortium sont allés visiter des lieux, faire des devis… et ont réussi à trouver des solutions pour définir un projet réaliste économiquement.
Ce projet de salle permet néanmoins de satisfaire toutes les conditions requises pour l'organisation de concerts dans de bonnes conditions : limitation des nuisances pour les riverains, sécurité du public, respect des normes handicap, qualité acoustique pour les musiciens et le public, billets d'entrée à tarif modéré.
Le projet de salle a été présenté à la Ville de Besançon, à la CAGB, au département du Doubs, à la région Franche-Comté, à la DRAC (ministère de la culture), à la Rodia, au Bastion, et aussi au SOLIMA (étude nationale portant sur les musiques actuelles).
Le projet a été jugé bien construit et pertinent par toutes les personnes qui l'ont eu entres leur mains.
Il reste maintenant à obtenir la réalisation de cette fameuse salle en 2014.
Vous pouvez écrire à consortium.besancon@gmail.com pour obtenir plus d'informations sur ce projet de salle.
Le Consortium a aussi permis de favoriser les échanges entre les différentes associations de musiques.
Les nouvelles associations ont ainsi pu obtenir des conseils de la part des plus expérimentées pour l'organisation de leurs concerts, la communication, les démarches administratives…
Le Consortium a aussi créé une newsletter commune, diffusant une fois par mois la liste des concerts et des actualités de toutes les associations. Vous pouvez vous y abonner ici : http://on.fb.me/19BO0Wp
Enfin, plusieurs évènements « multi-associations » ont été organisés, avec pour objectif de mélanger les publics, comme le Barathon qui s'est déroulé en décembre 2013, ou encore la coordination des concerts du festival Emergences en 2013 et en 2014.
« Des concerts détonants ! »
Jeudi, la soirée commence avec un plateau radio en direct sur les ondes de Radio Campus Besançon, Villages FM et Radio Sud.
Dans une ambiance très conviviale, les artistes et les membres des différentes associations ont pu parler en détail de leur parcours et de leurs projets culturels.
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Les concerts commencent avec le chanteur Caporal Poopa accompagné par les musiciens de Mighty Tone Band.
L'artiste a été présenté par l'association Uppertone, qui œuvre pour la promotion des cultures Jamaïcaines depuis 12 ans à Besançon.
Né à Dakar (Sénégal) et originaire de la Guinée-Bissau, c'est à Besançon que Caporal Poopa pose ses valises pour ses études.
Après quelques temps, c'est une rencontre en particulier et un amour certain pour le reggae qui décident Caporal Poopa et sa nouvelle bande d'amis à créer le groupe de reggae Jah Soldiaz ; suivront de multiples concerts et un album accueilli favorablement par la critique.
Poussé par l'envie d'exprimer ses sentiments les plus intimes, Caporal Poopa enchaine rapidement son album solo qui s'intitule Glory to the King.
Cet album sera l'élément déclencheur.
Caporal Poopa enchaine les lives avec le Mighty Tone Band, emballe le public, obtient la reconnaissance de ses pairs et se fait sa place dans le paysage du reggae français.
Un timbre de voix cassé et envoutant, un message rempli de paix et d'amour, d'espoir en plus de mélodies aux influences diverses constituent l'essence de son reggae.
L'artiste revient en 2014 avec son nouveau LP Slave Island sous le drapeau du label Indépendant Mary J Music : bien décidé de surprendre une nouvelle fois avec toujours le même slogan en tête « Figth To Survive ! »
La soirée continue dans le bar de la Rodia avec un artiste surprenant : Le Conseil Régional.
Derrière ce nom pour le moins original, se cache un one-man-band.
Depuis cinq ans, l'artiste utilise sur scène tout ce qui est physiquement possible pour faire du rock (pieds, mains et gorge, seulement), pour interpréter des reprises de Dylan à Fugazi, mais aussi quelques compositions en français.
C'est l'association No Fate qui a proposé cet artiste.
Cette association est notamment connue du grand public pour avoir organisé chaque été depuis 5 ans son festival du Piou Piou.
No Fate se démarque dans le paysage musical avec une vision éclectique, inattendue et parfois burlesque de la musique.
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C'est ensuite le groupe Monsieur Burnz qui enchaîne, avec un son métal français survitaminé.
Philipe et Fabrice ont longtemps joué ensemble au sein de la formation Ultimatum (Rock/Métal). Ils ont pu acquérir une solide expérience avec près de 150 dates dont les Eurockéennes et le Printemps de Bourges. Ils ont ensuite monté le projet Monsieur Burnz en faisant appel à Seb pour battre la mesure, et Eddy pour pousser des cris
Sur scène, on retrouve une basse/batterie tantôt lourde tantôt rapide, une gratte stoïque et puissante, et un chanteur complétement...électrifié ! Ajoutez à cela des nappes électro et le savant mélange de « Stringfield » (1ère galette du groupe) prend forme !
Monsieur Burnz chante en Français et c'est difficile de définir l'alchimie stylistique qui se dégage... C'est le public qui en parle le mieux et les références citées sont Lofofora, Mass Hystéria, Tagada Jones, No One Is Innocent, Rage Against The Machine.
A noter, le groupe enregistre actuellement un opus intitulé « Radiation » qui sera présenté en début d'année 2014.
Monsieur Burnz a été présenté par l'association Topaze Prod', qui a rejoint le collectif « Le Consortium » il y a un an. Les bénévoles de Topaz Prod font la promotion du rock francophone indépendant en assurant la promotion, la diffusion et la programmation des groupes locaux.
Les concerts continuent dans le bar, avec un autre one-man-band, Dead Wood.
Lorsque le guitariste d'un groupe de post-rock s'échappe pour un projet en solo, on se demande ce qu'il va nous concocter. Le résultat : une musique électronique puissante et terriblement enivrante. Entre l'électro rock saturé et trip hop aux sonorités orientales, cet écorché nous plonge dans des atmosphères tourmentées.
Tantôt planante et psychédélique, tantôt violente et abrasive, la musique de Deadwood, véritablement organique, déclenche en chacun de nous, un inévitable déhanchement chaotique.
Dead Wood n'était pas seul sur scène ce soir, mais accompagné par une chorégraphe qui a réalisé un show envoutant et surréaliste.
Dead Wood a été présenté par Le Club de Gym, une des associations fondatrices du Consortium.
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Crée en 2010, l'association Le Club de Gym s'est d'abord spécialisée dans la programmation de concerts rock et noise à Besançon, en collaboration avec d'autres associations comme Vouhvoue, Chifoumi ou la Dernière Tranche.
Puis en 2011, le Club de Gym lance son festival Papiers Raclés - Rock, Posters, Art - avec All Over (atelier de sérigraphie Lyonnais) et Supersenor (atelier de sérigraphie et de microédition à Besançon). En 2012 et 2013 le festival se poursuit et investit maintenant beaucoup de lieux culturels bisontins.
L'édition 2014 aura lieu dans un mois.
C'est ensuite le duo électro-hiphop Primate qui enchaîne sur la scène du Club de la Rodia.
Constitué des deux MC Blakstarr et Matéo et du DJ Masta, Primate produit un rap innovant, minimaliste et puissant. Le trio ne se fixe pas de limites et propose des sons variés, décalés et surprenants. Avec des textes sérieux ou légers, critiques ou second degré, le groupe mélangent le fond et la forme, le flow et le sens des lyrics...
Sur scène, ils partagent leur énergie avec le public et n'hésitent pas à partir en impro : leur concept : faire circuler un cahier dans le public afin que chacun écrive un mot, récupérer le cahier et placer les mots écrits par le public dans une impro rapée. Le résultat ? Quelque chose d'imprévisible, parfois réussi, parfois raté, mais qui permet au spectateur de laisser son empreinte sur le set.
Cette pratique est devenue leur marque de fabrique et est très attendue par leurs fans à chaque concert.
Primate a acquis une certaine réputation et a déjà joué aux côtés de Sly Johnson, Tumi & The Volume, Lyre Le Temps, Médine, High Tone, Bus Driver, Stupeflip, Lexicon, ASM ou encore Blake Worrel (Puppetmastaz).
A leur compteur également : une participation à la finale nationale du End of the Weak en 2011 et une sélection aux Découvertes du Printemps de Bourges en 2012.
Primate a été sélectionné par l'association 1DSens, qui a rejoint le Consortium il y a un an. Créé par plusieurs passionnés début 2013, 1DSens a pour vocation la promotion de la culture Hip Hop à travers les différentes disciplines du mouvement : Musique, danse, Deejaying, Graffiti, Beatbox.
C'est le groupe Greenshop qui clôture cette soirée en beauté.
Créé à l'initiative de José Shungu, Green Shop réuni de nombreux artistes d'ici et d'ailleurs : Zo, Aurélien Dudon, Greg Culas, Claudio Ibarra, et les Mystically.
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Green Shop vient de sortir son premier album, baptisé « Kinshasoul ».
Il a été enregistré en collaboration avec Jean-Marc Blanc, Boris Pauthier, Sandro Quispe Cardenas, Damien Groleau, le MC d'Oakland Raashan Ahmad et DJ Atom de C2C.
Investit depuis de nombreuses années dans des projets musicaux et associatifs, José a un don pour fédérer les gens autour de lui.
Il a commencé avec le groupe de hiphop « Artiste Réaliste » puis « la Cédille », ensuite il a créé l'association ATTILA et a programmé pendant plusieurs années le Festival des Echanges Urbains.
Plus récemment, il a collaboré pendant une année avec la Rodia en tant qu'artiste associé en 2011.
Toujours investit dans cette dualité artistique / engagement associatif, José est aujourd'hui un des membres actifs de l'association Le Consortium.
Voici le moment de conclure.
Cette soirée a eu plusieurs points positifs.
D'abord elle a permis au public de découvrir les associations de musique de Besançon et plusieurs artistes locaux.
Ensuite, chaque formation musicale a produit un show très visuel, grâce à des artistes charismatiques ayant une vraie présence sur scène.
Cet évènement a pu montrer au public qu'un concert est un véritable spectacle vivant et pas seulement l'occasion de voir un groupe jouer son disque.
Enfin, ce fut une occasion de plus de constater la bonne entente entre les différentes associations de musiques de Besançon, quel que soit leur âge et leur domaine de prédilection.
L'équipe du Consortium tient à remercier les bénévoles, les associations, les artistes, l'équipe de la Rodia, et bien sûr le public qui est venu nombreux.
Rémy LUCAS