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Thomas, tourneur sur bois - 23/02/2013 - Vernierfontaine

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A mi-chemin entre Pontarlier et Besançon, se trouve le village de Vernierfontaine. Comme partout en Franche-Comté, la forêt est omniprésente. Endormis par le froid hivernal, les arbres dessinent l'horizon entre le sol enneigé et le ciel d'un bleu éclatant.

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C'est ici que s'est installé Thomas Guinchard, avec sa femme et sa fille. Je suis venu le rencontrer pour vous parler de sa passion : le tournage bois.

Enfant, Thomas bricolait déjà le bois dans le garage de ses parents. Il se voit offrir son premier tour par son professeur de tir à l'arc et commence à se faire la main avec quelques vieux outils. Peu à peu, il se perfectionne et s'équipe en matériel plus performant.

Il choisit de faire du travail du bois son métier, et après ses études il travaille pendant plusieurs années comme ébéniste chez un facteur d'orgue dans la région, tout en continuant à tourner chez lui pour le plaisir.

Depuis l'été dernier il s'est reconvertit professionnellement dans le tournage de métaux. Il faut dire qu'il y a maintenant trop d'ébénistes formés sur le marché du travail, à une époque où beaucoup de monde n'achète plus de meubles ni d'objets en « bois d'arbre ».

Le travail du bois est donc redevenu uniquement pour Thomas son passe-temps favori.

Il faut comprendre qu'il y a quelque chose de spécial dans le tournage bois.

La matière d'abord. Le bois, c'est une multitude d'essences différences avec chacune leur texture, leur couleur, leur odeur. Le bois, c'est vivant ; chaque morceau est une pièce unique, avec ses veines et ses nœuds tels des empreintes digitales.

Les outils ensuite. Un tour à bois a ceci de magique qu'il est à mi-chemin entre une machine et un outil manuel. Une machine qui ne prive pas l'artisan du contact intime avec la matière.

Thomas m'emmène d'abord visiter son atelier, installé dans le garage. Tels des vins millésimés, les précieux morceaux de bois sont soigneusement rangés.

« Certaines essences rares peuvent faire l'objet d'échanges entre les tourneurs » me confie-t-il.

Je découvre ensuite les machines. Quelques-unes sont neuves, d'autres assez anciennes, et ont étés rénovées avec soin.

« Le gros tour que j'utilise encore aujourd'hui m'a été donné par une sympathique dame à mes débuts. Je l'ai remis en état et modifié plusieurs fois. »

La machine en question est imposante et très solide. Thomas la met en route et profite de ma présence pour tourner une pièce de bois. Ses mains habiles donnent rapidement naissance à un bol.

Bricoleur avertit, Thomas a même fabriqué lui-même un lapidaire, un touret d'affutage et un pantographe. Il a aussi modifié et amélioré un accessoire pour tourner les boules.

Les outils qu'il utilise valent le détour aussi. Trois générations de bédanes et de gouges se côtoient dans son atelier : les outils anciens, les outils classiques en HSS, et la nouvelle génération qui utilise des plaquettes au carbure.

Les gens qui se commencent le tournage bois sont souvent confrontés au même écueil : des pièces qui finissent toujours par se fendre quelques temps après leur fabrication. Je demande à Thomas quels sont ses trucs.

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« Il faut tourner uniquement du bois bien sec. Les arbres doivent être coupés à la bonne période de l'année. Il y a une astuce : encoller chaque extrémité d'une bûche pour éviter qu'elle se fende pendant son stockage »

Je lui parle du fameux bouche-pore, souvent vendu à prix d'or comme produit miracle dans les boutiques spécialisées.

« Effectivement il faut nourrir le bois après le tournage ; je préfère utiliser des produits naturels comme la cire d'abeille, l'huile de pépins de raisins ou la gomme laque, qui conviennent très bien ».

Autre question souvent posée : l'approvisionnement. « La plupart du temps, j'achète mon bois en scierie, tout simplement. »

Thomas me montre alors quelques objets qu'il a fabriqués. Il a fait quelques meubles et jouets pour sa fille, une lampe de chevet, quelques bols d'un diamètre impressionnant, et surtout, une très belle collection de stylos.

« On trouve dans le commerce des kits qui contiennent le mécanisme à bille ou à plume. Il reste à tourner le corps et le capuchon en bois ; je peux ainsi créer mes propres stylos »

Soigneusement conservé et entretenu, le bois peut durer longtemps et traverser les époques. Certains objets peuvent alors avoir une histoire, ce qui leur confère une valeur supplémentaire.

Ainsi, au milieu du siècle dernier, l'hiver 1956 est si rude que presque un million d'oliviers succombent dans la partie sud de la vallée du Rhône. Certains ont gelé jusqu'à la racine. Le bois est alors récupéré et constitue un stock important qui perdurera de nombreuses années.

Ce stylo-plume, fabriqué ces derniers temps par Thomas, est issu de ce fameux stock d'oliviers.

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Je lui demande enfin comment il partage sa passion pour le bois avec les autres.

« Il y a d'abord l'association des Tourneurs de Franche-Comté, dont je suis adhérant. C'est une très grosse association qui compte plus d'une centaine de membres, venant de tout l'est de la France. »

L'association participe régulièrement à des évènements publics, comme Fourg Autrefois, le Téléthon, les Saveurs d'Automne... Vous trouverez plus d'informations sur son site Internet

Les tourneurs ont pris l'habitude de se rencontrer tous les samedis dans un local à Torpes, petit village à côté de Besançon.

Elle organise aussi des journées techniques et des formations, pour petits et grands.

« Il y a aussi Internet. C'est un très bon outil qui permet à ceux qui partagent la même passion de se regrouper. J'apprécie notamment le forum les fous du bois qui est très dynamique : on y trouve des exercices, on se lance des défis, des challenges qui permettent à chacun de se perfectionner. Et bien sûr, on y trouve d'innombrables trucs et astuces. »

Pour en revenir à l'évènementiel, Thomas fait du tournage depuis plusieurs années sur le marché de Noël de Busy, son village d'origine. Cette année il a participé à Talents Comtois, à Micropolis.

Ci-dessous quelques photos et vidéos.

Vous pouvez également retrouver Thomas sur son site Internet


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