Sonntag - 22/03/2015 - Le Cousty à Besançon
Ce dimanche après-midi, les bisontins ont pu découvrir un nouveau concept au Cousty.
Baptisé « Sonntag » (dimanche en allemand), l'évènement propose au public de venir danser sur un son Techno exigeant et pointu.
En effet, si le mot « Techno » est très utilisé dans le langage courant pour désigner les musiques électroniques au sens large, en réalité ce terme correspond à un genre musical précis.
Pour les puristes, la Techno rassemble la musique produite au début des années 1990 à Détroit lors de la « deuxième vague » avec des artistes emblématiques comme Jeff Mills et Mad Mike (fondateurs du label Underground Resistance), et également la musique produite à Berlin à la même époque.
En effet, si la Techno est née aux USA, c'est en Europe qu'elle aura l'impact le plus important, et notamment en Allemagne. La France n'est pas en reste, bien au contraire, de nombreux artistes, livers ou DJs, y verront le jour, mais malheureusement en France la Techno souffre d'un certain manque de reconnaissance à la fois du grand public mais aussi de la part des milieux culturels autorisés.
Il faut dire aussi que l'émergence de la Techno en Allemagne a coïncidé avec la chute du mur de Berlin. La Techno a accompagné la liesse populaire générée par la réunification Allemande. Qui plus est, dans l'ex-RDA et notamment à Berlin, de nombreux bâtiments abandonnés par les autorités Est-Allemandes ont été investis par le milieu underground.
Ce n'est donc pas un hasard si l'idée d'organiser des concerts Technos le dimanche après-midi vient d'Allemagne.
En fait, à l'origine, le célèbre club « le Berghain » organisait chaque week-end d'énormes soirées techno qui commencent le vendredi soir jusqu'au dimanche soir sans interruption.
Traditionnellement, le public se donne rendez-vous devant les portes du club le vendredi et le samedi soir.
Mais, puisque la discothèque est ouverte sans interruption et qu'elle connait un franc succès, certaines personnes ont pris l'habitude d'y aller l'après-midi.
L'idée n'est pas si saugrenue que cela, au contraire.
La techno est née dans le milieu des années 1980, elle vient de fêter ses 30 années d'existence, ce n'est donc plus uniquement un phénomène de mode, ou comme on l'entend souvent « de la musique de jeune », mais un style de musique qui intéresse aujourd'hui toutes les générations.
Les fans de la première heure ont vieilli… certains se sont casés et ont des enfants, pour eux les soirées en boîte de 1h à 6h du matin ne sont plus qu'un lointain souvenir.
Organiser des concerts Techno le dimanche après-midi permet à ce public de pouvoir à nouveau sortir. Et peut-être aussi, à un autre public de découvrir cet univers musical.
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Autre aspect des choses : ces soirées de l'après-midi se déroulent dans une ambiance différente ; contrairement aux vendredis et le samedis soirs où une partie du public arrive dans les clubs un peu par hasard, faute d'avoir trouvé une autre idée de sortie, l'après-midi le public présent vient uniquement pour la sélection musicale.
Ce qui offre aux DJs la possibilité de passer des disques plus pointus.
En effet, le soir, il y a l'impératif de faire danser tout le monde, les DJs ont la pression, ils ne prennent pas de risques et passent sur leurs platines les tubes du moment.
L'après-midi l'ambiance est différente, le public est là parce qu'il connait le nom des DJs qui jouent et a choisi d'entendre leurs univers musicaux particuliers.
Enfin, ces concerts du dimanche offrent neufs heures pour s'exprimer (de 14h00 à 23h00), alors que les soirées en boîte ne durent généralement que quatre heures (de 1h00 à 5h00). Ce temps supplémentaire est un atout pour les DJ qui ont plus de temps pour mixer.
« Faire un mix, c'est raconter une histoire » m'explique un des DJ programmé ce dimanche.
Il renchérit : « Ces festivals qui accumulent les noms des DJ sur leur programme mais qui ne les font jouer que 45 minutes chacun c'est n'importe quoi ! Pour s'exprimer, un DJ doit avoir au moins une heure et demie, voire deux ou trois heures »
Certains n'hésitent pas à faire beaucoup plus, comme Laurent Garnier qui a mixé pendant six heures sans interruption au Sucre en décembre 2014.
C'est d'ailleurs dans des clubs comme le Sucre (Lyon) ou le Concrete (Paris) que les premiers concerts Techno du dimanche sont arrivés en France.
Revenons à Besançon.
Plusieurs DJs bisontins ardents défenseurs de la techno, parmi lesquels Boyd Goosman (No Fear Records), Roudix (Le Thé Chaud), et Two Me, Raph, Noum, Bound Effect, Basscook et Fluks (tous du Citron Vert) ont eu envie de proposer ce concept à Besançon.
Le Cousty, lieu bien connu des bisontins, a été choisi car il est à la fois proche du centre-ville et suffisamment grand pour accueillir un public nombreux.
Les VJs de Nushy Soup étaient également de la partie pour mettre la scène en lumière.
Pour sa première édition, Sonntag a rencontré le succès. Pour 2015 l'évènement sera reconduit deux ou trois fois.
Pour connaître les prochaines dates, surveillez les réseaux sociaux et écoutez l'émission « Happy Land » de Boyd Goosman sur Radio Campus tous les vendredis de 19h à 21h sur 102.4 FM
Ci-dessous vous trouverez quelques photos et vidéos de cette première édition de Sonntag.