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Le Festival du Piou Piou - 20/08/2014 - Besançon et Pelousey

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Depuis 2010, c'est devenue une tradition dans l'agglomération du Grand Besançon, l'été culturel se termine avec le Festival du Piou Piou, qui se déroule sur cinq jours à Besançon et à Pelousey.

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L'association No Fate, qui a créé le festival, affiche sa volonté : éclectisme culturel, découverte, mise en avant de la scène locale, accès à la culture pour tous.

L'éclectisme est de mise avec une sélection musicale couvrant tous les styles actuels : rock, reggae, ska, hip-hop, électro, chanson française, musiques du monde, et toutes sortes de mélanges savoureux et inattendus.

Si les musiques actuelles sont le centre de gravité du festival, dès sa création il y a cinq ans, le Piou Piou a ouvert sa programmation à d'autres disciplines artistiques : théâtre, cirque, spectacle vivant, sport, arts graphiques, cinéma.

Au total le public aura droit à une quarantaine de spectacles, répartis sur cinq jours, au centre-ville de Besançon et à Pelousey.

Certains sont gratuits, les autres sont accessibles pour quelques euros seulement. Les familles n'ont pas été oubliées, plusieurs spectacles étant programmés l'après-midi. C'est un autre point fort de ce festival : le mélange des publics ; une belle occasion de favoriser les rencontres et briser les idées reçues.

Je suis ce festival depuis sa création, et je peux affirmer que sa philosophie et sa programmation artistique sont emblématiques des années 2000.

L'histoire des musiques actuelles a connu de nombreux bouleversements depuis soixante ans : si les décennies 60, 70 et 80 ont vue chacune l'émergence de nouveaux courants artistiques forts, les décennies suivantes ont bousculé les liens entre le public et les artistes.

La chute du mur de Berlin, une meilleure maîtrise des langues étrangères par la jeunesse, puis l'arrivée d'Internet ont permis au public de prendre le pouvoir. Les nouveaux outils technologiques ont démultiplié les possibilités du « do it yourself » pour le plus grand bonheur des artistes.

Les codes ont été cassés. Le public n'est plus segmenté en groupes n'écoutant que du rock, que du hiphop ou que de la techno.

Les artistes se sont libérés des cases : ils sont de plus en plus nombreux à toucher à tout et à revendiquer des influences multiples. Les frontières ont été brisées, klezmer, cumbia, soul, funk, techno berlinoise, métal, rock anglais et rythmes africains se combinent pour former un mélange détonant.

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La programmation du Piou Piou est à cette image :

- Mercredi, le festival commence avec la projection du film « Sound of Noise », qui, sous des apparences de comédie loufoque, remet joyeusement en cause les codes de la musique.

- Jeudi, aux Passagers du Zinc, les DJ de Sono Gringo Sound Systema nous ont fait découvrir la cumbia, ou comment l'Amérique du Sud s'est approprié les musiques électroniques à sa façon.

- DJ Frogg, célèbre en Franche-Comté pour ses « bootlegs », a fait danser le public avec ses chansons construites à partir de mix entre disques électro, rock et swing.

- Vendredi, à Pelousey, les DJ de Mighty Worm nous ont offert une sélection de disques rock des années 50 à nos jours.

- Psykick Lyrikah nous a montré que hip-hop et rock font très bon ménage.

- Blacks Woods nous a fait revivre l'époque du rock des 70's avec un son tenté de blues et d'accents psychédéliques.

- Maÿd Hubb, expérimentateur et producteur réputé de dub électronique, nous a offert un concert plein d'émotions en duo avec le chanteur Joe Pilgrim.

- Les sept troubadours d'Azad Lab sont aussi bien à l'aise sur scène avec le swing, le dub, le hip-hop, ou le klezmer.

- Toilettes Mixtes nous ont offert comme chaque année un DJ-set déjanté et festifs, aux allures de madeleine de Proust pour les trentenaires.

- The Legists ont terminé la soirée avec une explosion à mi-chemin entre le métal et le dubstep.

- Samedi après-midi, le duo festif Beats Donkey nous a fait une démonstration de batterie burlesque pour petits et grands.

- François Corbier, que tous les trentenaires connaissent pour l'avoir vu dans les émissions jeunesses d'Antenne 2 et de TF1, nous a surpris et amusé avec ses chansons à mi-chemin entre les univers de Georges Brassens et de Boby Lapointe.

- Green Shop, projet hiphop/soul du chanteur et compositeur hyperactif José Shungu, a fait danser le public.

- Matmon Jazz a relevé le défi de déstructurer et recomposer les samples de ses amis musiciens en scratchant avec des platines pour produire un son jazz original, accompagné par la voix de Céline Costa.

- Inclassables, Les Bracos nous ont montré ce que pouvait donner une bande de chasseurs et de pêcheurs qui raconteraient leurs aventures en formant un groupe de punk-rock, avec une bonne dose de second degré.

- The Buttshakers ont enflammé le public avec un son soul et rock irrésistible.

- KKC Orchestra ont dépassé les frontières du hip hop pour s'aventurer avec succès du côté du swing et de l'électro.

- Enfin, l'Anakronic Electro Orkestra nous a offert un mélange savoureux de dub, jungle et klezmer. Preuve de leur polyvalence, privé de son accordéoniste et devant jouer avec un autre batteur, le groupe a réussi à faire danser le public jusqu'à la fin du festival.

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L'équipe du festival du Piou Piou est aussi le fruit de ce metling pot culturel que j'évoquais au début de l'article. Parmi eux, on trouve de nombreux passionnés qui depuis dix ou quinze ans ont défendu la musique sous toutes ses formes et le spectacle vivant en organisant des concerts, en montant des collectifs, en créant des festivals, en animant des émissions de radios.

Le festival proposait également des spectacles le jeudi en première partie de soirée au Bodega avec la pièce « Allez on se lance ! » et la compagnie de théâtre d'improvisation LUDI FC.

Le samedi après-midi, les enfants ont pu profiter du spectacle de Majerik le Magicien, et de plusieurs activités comme le maquillage, les Petits Débrouillards, les jeux en bois de Culture Jeux.

Les membres du LCG Crew ont réalisé des démonstrations de graffiti, le public pouvait se faire faire des maquillages sur le stand Calaveras Studio ou des atébas avec Mystik Tortol, ou encore admirer et acquérir les typo-gravures d'Affiche Moilkan.

Sur place, il y a avait de nombreux stands associatifs et l'équipe de Radio Campus Besançon qui a retransmis le festival et réalisé des interviews.

Dimanche après-midi, un contest de skate a été organisé sur le skate-parc de Pelousey par l'association Fragile Skate St Vit. Plusieurs dizaines de skateurs se sont affrontés avec des figures plus audacieuses les unes que les autres ; les plus doués sont repartis avec quelques lots.

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Pendant le festival, plusieurs messages sur la situation des intermittents du spectacle ont été diffusés.

L'été 2014 s'achève dans un contexte difficile pour la culture avec la nouvelle réforme de l'UNEDIC, et au vu des nombreuses idées reçues quelques précisions sont nécessaires.

Il convient d'abord de rappeler qu'être intermittent du spectacle n'est pas un statut privilégié.

Les métiers du spectacle se caractérisent par une précarité extrême, un intermittent devant accumuler de nombreux contrats de travail dont la durée moyenne ne dépasse pas quelques jours, avec une multitude d'employeurs différents. Le régime d'assurance chômage spécifique mis en place est là pour tenir compte de cette particularité.

L'idée selon laquelle un intermittent toucherait un salaire complet en ne travaillant que 507 heures par an est fausse. Tout simplement parce qu'un intermittent effectue de nombreuses heures de travail non rémunérées.

En effet, les musiciens et acteurs ne sont la plupart du temps payés uniquement lorsqu'ils sont sur scène, toutes les heures de travail consacrées à l'écriture et aux répétitions ne sont tout simplement pas prises en compte. De même, il arrive que les temps de déplacements entre deux villes où les intermittents se produisent ne soient pas pris en compte.

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Autre aspect des choses : artistes et techniciens du spectacle sont régulièrement sollicités pour apporter leur soutien à des œuvres de charité, à des associations, à des festivals en difficulté… ce qui les conduits à travailler sans être payés.

Cette situation fait que de nombreux artistes et techniciens, qui travaillent toute l'année, n'arrivent pas à avoir ces fameuses 507 heures payées, et ne sont donc pas indemnisés. Sur 250.000 intermittents du spectacle, à peine plus de 100.000 sont indemnisés.

Une autre idée reçue est que ce régime est un gouffre pour l'assurance chômage. C'est tout simplement faux : la réalité est que les intermittents représentent 3,5% des chômeurs indemnisés, et perçoivent 3,4% des indemnités.

Il faut être conscient que sans les intermittents, de nombreux spectacles, concerts, pièces de théâtre, festivals, films, disparaitraient, et les places pour les évènements culturels qui survivraient seraient hors de prix.

La grande difficulté que rencontrent les acteurs culturels est aussi, malheureusement, emblématique des années 2000.

A la situation des intermittents s'ajoutent non seulement les effets de la crise économique, mais bien d'autres problèmes.

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Les politiques d'urbanisme et de transport ont oublié la culture. Le poids des normes et les prix de l'immobilier ne sont plus supportables pour les projets culturels alternatifs.

Partout, en France, des cafés-concerts et des lieux de vie associative ferment leurs portes.

Des festivals qui existent depuis plusieurs années sont annulés, souvent à la dernière minute avec des conséquences catastrophiques pour les organisateurs.

Des acteurs de terrains, qui ont fait leurs preuves depuis plus de dix ans ne sont toujours pas pris au sérieux par les autorités.

Je me demande parfois si l'organisation de concerts ne va pas bientôt devenir une activité illicite. Je repense à la scène du film « Sound of Noise » où les musiciens arrivent cagoulés dans une banque, en brandissant un métronome et en disant « Ceci est un concert. Ecoutez, il ne vous sera fait aucun mal. »

Le festival du Piou Piou a très bien marché cette année ; malgré une météo défavorable le public est venu encore plus nombreux que pour les précédentes éditions.

250 enfants sont venus assister aux spectacles, pour les concerts 600 personnes sont venues vendredi et 600 samedi. Le Bodega et les Passagers du Zinc étaient noirs de monde.

Pourtant, le festival risque de devoir trouver un autre lieu pour l'année prochaine.

Souhaitons bonne chance à l'équipe de No Fate pour qu'un sixième Piou Piou puisse éclore en 2015 !


Anakronic Electro Orkestra
Dub / Jungle / Klezmer
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Azad Lab
Hip Hop / Swing / Electro
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Black Woods
Dark Folk / Blues
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Les Bracos
Punkabilly
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The Buttshakers
Rock / Soul
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Le Thé Chaud
Association musicale
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François Corbier
Chanson Française
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DJ Frogg
Bootlegg / Electro / Hiphop / Rock
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Green Shop
Hiphop / Funk / Soul
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KKC Orchestra
Hip Hop / Swing / Electro
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The Legists
Dubstep / Electro / Métal
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Matmon Jazz
Scratch / Jazz
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Maÿd hubb
Dub / Expérimental / Electronique
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Mighty Worm
Punk / Rock / Hardcore
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Psykick Lyrikah
Hip hop
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