La société a beaucoup évolué ces dernières années ; en l'espace de deux générations la mobilité est devenue la règle, et l'emprise des nouvelles technologies dans notre vie quotidienne a dépassé la fiction.

C'est en milieu rural que ces changements ont eu le plus d'impact : la vie dans nos villages aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celle d'il y a vingt ou trente ans.

Dans les années 1980, j'ai grandi dans un petit village, en Lorraine.

Enfant, je me souviens d'un paysage plutôt agricole, dans lequel toutes les générations de chaque famille vivaient dans le même périmètre.

Il n'était pas rare de voir trois générations habiter la même maison.

Un quart de siècle plus tard, bien des villages se sont transformés. Cette transformation fut beaucoup plus sociale que physique.

L'accroissement de la mobilité professionnelle et l'arrivée d'Internet et des réseaux sociaux ont eu deux effets paradoxaux : l'éloignement physique des membres d'une même famille – enfants et parents sont souvent séparés de plusieurs centaines de km – et la création, via Internet, de communautés virtuelles de personnes situées aux quatre coins du monde, qui ne se seraient probablement jamais rencontrées autrement.

L'éloignement entre grands-parents et petits-enfants qui en résulte fait que nombre de personnes âgées vivent aujourd'hui seules, y compris celles ayant une nombreuse descendance.

Que faire face à l'isolement de nos anciens ?

Nos dirigeants ont lancé des « plans anti-canicules » et des campagnes de soutien à l'aide à domicile. C'est souvent très cher et insuffisant.

Et si plus simplement on agissait au niveau local, en repensant nos relations de voisinage ?

Je vais vous parler d'une idée simple et qui n'a rien coûté.



Ce n'est pas grand-chose, mais répété à une échelle plus grande elle, peut contribuer à changer un peu les choses.

Fait remarquable : ce sont des enfants qui ont eu cette idée.

Ça se passe à quelques kilomètres de Besançon, à Boussières.

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Il y a quelques années, souhaitant intéresser et faire participer les enfants du village à la vie locale, la commune a décidé de créer un conseil municipal des jeunes.

Plusieurs enfants se sont inscrits.

Tout au long de l'année ils se réunissent et proposent des idées, qui sont ensuite examinées par le conseil municipal des « adultes », dont je fais partie.

Cette assemblée est loin d'être un gadget.

Plusieurs idées émises par les jeunes ont donné lieu à des réalisations concrètes : évènementiel, création d'équipements, actions de sensibilisation des habitants sur la sécurité routière et l'écologie.

Un de ces idées est l'organisation régulière d'une journée intergénérationnelle.

Cette idée part du constat suivant : dans le village, il y a plusieurs personnes âgées, dont les petits-enfants habitent parfois très loin ; il y a aussi plusieurs enfants, dont les grands-parents peuvent habiter eux aussi très loin. L'idée consiste tout simplement à réunir les personnes âgées et les enfants du village, pour qu'ils fassent des activités familiales ensemble.

Pour seuls moyens, le prêt de la salle des fêtes le dimanche après-midi et une simple feuille distribuée dans toutes les boites aux lettres pour inviter les habitants.

Au programme : des jeux de société et un goûter. Inspirés par la mode actuelle des émissions de cuisine, le goûter s'est transformé en concours de gâteau. Le matin, des équipes mixtes, constituées chacune d'enfants et de personnes âgées, confectionnent un gâteau.

L'après-midi tout le monde se donne rendez-vous à la salle des fêtes pour jouer.

Vient alors le moment du goûter où un jury s'amuse à départager les lauréats.

Cette journée intergénérationnelle, organisée pour la 3ième fois, fut appréciée par tous. Elle a notamment permis à plusieurs enfants et anciens du village de tout simplement se rencontrer, et parfois de tisser des liens entre eux.



Régulièrement nous entendons des grands débats sur le « lien social ». Nos enfants nous prouvent ici qu'il n'y a rien de compliqué.

Ci-dessous quelques photos.