Festival Rolling Saône - 09/05/2015 - Gray (70)
Depuis bientôt 10 ans, ce blog vous propose des reportages sur les évènements culturels de la scène locale et alternative, organisés par des passionnés et des bénévoles. Une fois n'est pas coutume, je vous propose un reportage sur un gros événement : le festival Rolling Saône, qui s'est déroulé durant le long week-end du 8 mai à Gray, en Haute-Saône.
On a parfois tendance à opposer ces deux univers ; les gros évènements sont jugés « trop commerciaux », les petits évènements sont considérés seulement « comme un passe-temps pour des amateurs ».
En réalité, les deux univers se complètent et sont indispensables autant l'un que l'autre à la préservation et à l'épanouissement de la culture.
C'est en effet la scène alternative et ses petits évènements qui permettent aux nouveaux artistes de voir le jour. Toutes les grandes têtes d'affiches d'aujourd'hui ont commencé ils y a quelques années à écumer les bars, les salles des fêtes et les petits festivals organisés par des associations locales.
D'un autre côté, les gros évènements, en accueillant un très large public, permettent aux artistes programmés en première partie de se faire connaitre du grand public et de sortir de l'anonymat.
De plus, les gros évènements servent aussi de déclic pour une partie du grand public, qui va alors s'intéresser de plus près à la culture, venant renouveler et élargir le public de connaisseurs qui fréquente la scène culturelle alternative.
Si la scène culturelle alternative disparait, l'émergence de nouveaux artistes est compromise et à terme les grands évènements disparaîtront aussi.
Et si les grands évènements disparaissent, la culture n'ira plus chercher le grand public, les artistes émergents n'auront plus la possibilité de se développer, et le public de connaisseurs aura beaucoup de mal à se renouveler et à s'élargir.
Le festival Rolling Saône est dans son rôle de démocratisation culturelle, en offrant chaque jour au grand public un mélange de têtes d'affiches et d'artistes en devenir.
Samedi, Kendji Girac, Soprano et Make the girl dance ont attiré les foules.
Les 4.500 spectateurs présents ont également pu découvrir Iphaze et les deux excellents projets bisontins de Clotilde Moulin et de Sept, qui méritent d'être connus.
Passionné de musique électronique, j'ai également observé avec attention la prestation de Salut c'est cool.
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Cet ovni musical, avec une bonne dose de second degré, a rencontré un vif succès sur Internet et ils jouent dans presque tous les gros festivals.
La prestation de Salut c'est cool a de quoi laisser perplexe… mais, mine de rien, avec leur humour, ils ont réussi à faire danser monsieur et madame tout le monde sur des sonorités qu'on entend habituellement qu'en rave-party ou dans des clubs underground. Voici quelque chose d'intéressant, pour moi qui combat depuis des années les idées reçues dont souffrent les musiques électroniques.
Autre particularité du festival dont il faut parler : son infrastructure. La ville de Gray a eu l'excellente idée de construire une grande halle en dur pour accueillir des évènements en plein air sans être tributaire de la météo. Cette infrastructure originale et innovante permet également de réaliser de nombreuses économies en évitant de louer et d'installer plusieurs chapiteaux.
Le Rolling Saône c'est terminé ! Au début de cet article, je vous ai parlé de l'importance de la complémentarité entre les gros et petits évènements.
Qu'en est-il à Besançon ?
Chaque concert du festival Rolling Saône a accueilli 4.500 spectateurs, alors que Gray et son aire urbaine comptent 18.000 habitants. Pour fixer les idées, un évènement d'impact comparable sur Besançon accueillerait 50.000 spectateurs par jour ; cela correspondrait en gros aux Eurockéennes de Belfort.
Mais à Besançon, un tel évènement n'existe pas.
Pourtant, il y a cinq ans, la 9ième édition du festival l'Herbe en Zik avait accueilli près de 11.000 spectateurs. Ce festival, inscrit dans le paysage culturel de la ville et apprécié des bisontins, ne demandait qu'à se développer mais il a malheureusement disparu. Depuis, aucun autre tentative d'organiser un grand évènement autour des musiques actuelles susceptible d'accueillir un large public n'a vu le jour.
A Besançon, la scène alternative rencontre elle aussi des difficultés : de nombreux bars ont soit fermé, soit arrêté d'accueillir des concerts, et la plupart des petits festivals associatifs ont disparus.
Bonne nouvelle, la ville compte toujours autant de passionnés, d'artistes et de bénévoles qui ne demandent qu'à relancer une nouvelle dynamique. Ainsi on a pu voir apparaitre ces derniers mois deux nouveaux festivals : Le Graffiti Jam et surtout le Circa Sismic.
De même, le collectif d'association de musique Le Consortium porte depuis bientôt quatre ans un projet de création d'une petite salle de concert à Besançon.
Toutes ces bonnes volontés ne demandent qu'à être écoutées et à obtenir les moyens qu'elles méritent.
Vous trouverez ci-dessous quelques photos des différents concerts. A noter que l'équipe de Visual-Break propose un retour en vidéo sur l'ensemble du festival.