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Mulheres - Femmes du Brésil - 08/03/2014 - Besançon

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De nombreuses manifestations étaient organisées ce week-end à l'occasion de la Journée Internationale du Droit des Femmes. J'ai choisi de vous parler de celle organisée à Besançon par Ritmo da Capoeira et Contra-Mestre Coxinha.

Baptisé « Mulheres – Femmes du Brésil », l'évènement est une rencontre culturelle et sportive qui a pour objectif de mettre en lumière la place de la femme afro-brésilienne au sein de la société et de valoriser son rôle dans le développement de son pays.

Durant tout le week-end, des stages de capoeira, danses et percussions brésiliennes ont été organisés. Les cours et rodas de capoeira ont étés animés par Contra-Mestra Nega (Senzala-Sète), Professora Cebolinha (Capoeira Bemvindo Angola-Londres) et Instrutora Pombinha (Senzala - Lyon). Les cours de danses et percussions brésiliennes ont été quant à eux assurés par Milena (Recife).

Le public avait rendez-vous en début de soirée au Gymnase Espace Culturel de l'IUFM Fort Griffon, pour y découvrir en avant-première l'exposition « Mulheres Negras – Obscure Beauté du Brésil », et une démonstration de capoeira.

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La Capoeira a une place à part dans le monde de la musique. Cette discipline artistique associe art martial, danse, musique et chant. Le résultat est spectaculaire et festif ; très entrainant à la fois pour le public et les danseurs, la Capoeira a des allures de cérémonie tribale.

Après ce temps fort, la série documentaire « Raiz Forte », sous-titrée en français, est projetée au public.

Au travers de plusieurs portraits de femme, le documentaire a pour thème les relations compliquées entre les femmes noires du Brésil et leur chevelure.

Depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, ces femmes tentent de dompter leurs cheveux crépus pour modifier leur apparence.

Lissage, brushing, hydratation, traitements chimiques… elles ne ménagent pas leurs efforts, et souvent il arrive que la chevelure ainsi malmenée ne résiste pas.

Une femme témoigne : « Chez le coiffeur pour un énième brushing, mes cheveux tombaient, ils restaient par poignées entières dans la main du coiffeur. J'avais des trous partout, je lui ai demandé de tout couper »

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Ces pratiques transparaissent comme le symptôme d'un dénigrement de la population noire. Les femmes afro-descendantes font tout pour ne pas laisser leurs cheveux naturels.

« Après des années de traitement, on ne sait même plus répondre à la question "comment sont vos cheveux ?" »

« Un jour j'ai demandé à ma mère "lisses-moi mes cheveux pour que je sois belle"; tout était dit »

Avec du recul, plusieurs femmes ont décidé de laisser leur beauté naturelle s'exprimer.

« J'ai regardé à l'intérieur de moi et j'ai vu que mes cheveux étaient l'imposition de l'autre, aujourd'hui j'ai fait un choix. »

Même si cela va à l'encontre des normes esthétiques et canons de beauté.

« Tout acte esthétique est aussi un acte politique » résume l'une d'elles.

Après la projection, la réalisatrice du film Charlène Bicalho et les artistes invitées, Alê Kali et Emilia Chamone, entament un débat avec le public à propos de la place des femmes afro-descendantes au Brésil.

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En France, le Brésil bénéficie d'une réputation plutôt positive, avec en image d'Epinal le football et le carnaval de Rio. La réalité est moins idyllique. « Ces clichés européens sur le Brésil ne représente que la vie d'une minorité, à peine 1% de la réalité. »

Le Brésil est une nation multiculturelle, sa population étant constituée de personnes d'origines amérindienne, européenne et africaine issue de l'esclavage.

« Au Brésil il y existe un racisme et une discrimination très importants, qui sont très difficiles à combattre car c'est un "racisme cordial" c'est à dire fondé sur le mépris. D'autre part il y a un déni du passé, l'histoire de l'esclavage est ignorée. »

« Un des problèmes est qu'une partie de la société brésilienne considère que pour avancer il ne faut pas parler du passé ; de nombreux documents sur l'esclavage ont été détruits. Il existe pourtant une loi qui rend obligatoire l'enseignement à l'école de notre histoire mais elle n'est pas appliquée. »

Certaines villes sont dans une situation de quasi apartheid, avec des quartiers riches et des quartiers pauvres complétement séparés.

« La société brésilienne est très hypocrite, la population afro-descendante a une assez mauvaise image d'elle-même ; un noir qui réussit fait tout pour ressembler aux blancs, et il aura tendance à exprimer du mépris pour les autres noirs. »

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Comme l'a montré le documentaire, les femmes noires font tout pour transformer leurs cheveux ; cette volonté de transformer son apparence pour en quelque sorte changer d'identité et se conformer au modèle idéal de la poupée Barbie est un phénomène général au Brésil. La chirurgie esthétique est fortement présente et son usage beaucoup plus décomplexé qu'ailleurs, Rio est la ville du monde qui comporte le plus de centres de fitness.

Ce phénomène influence aussi la perception qu'ont les gens de leur propre corps.

« Un questionnaire avait été distribué dans les écoles pour savoir comment les élèves se percevaient. Les résultats du test ont montré que les élèves éclairciraient systématiquement leur couleur de peau, les élèves noirs répondaient qu'ils avaient la peau brune, les élèves à la peau brune se prétendaient blancs. »

« En fait la plupart des personnes perçues comme "blanches" au Brésil sont considérées comme "noires" lorsqu'elles voyagent en Europe »

Les inégalités homme-femme restent très fortes.

« Pourtant, les femmes ne sont plus le sexe faible. Elles sont capables de gérer leur foyer en plus d'un travail, nous sommes le sexe fort ! Mais nous sommes bloqués par la hiérarchie masculine et la maternité. »

« De même dans les pratiques artistiques, la femme a souvent pour rôle de mettre en valeur l'homme. »

La soirée continue au café-concert Le Maquis.

Frédérique Daoudal nous propose une sélection de disques Brésiliens.

Puis arrive le concert très attendu de la chanteuse et guitariste Alê Kali en duo avec la percussionniste Emilia Chamone.

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L'exposition « Mulheres Negras – Obscure Beauté du Brésil » restera visible au Gymnase Espace Culturel du 11 mars au 13 avril.

Ci-dessous vous trouverez toutes les photos et les vidéos de l'évènement.


Alê Kali
Musique Populaire du Brésil
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Emilia Chamone
Percussions Brésiliennes
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Le Maquis
Lieu / Bar / Café-concert
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