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La Machine à en Découdre - 05/10/2013 - Montferrand le Château

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Après « La grande lessive » en 2009 et « Le faire à repenser » en 2011, le Collectif pour des Alternatives au Capitalisme organise ce weekend la troisième édition de son festival.

C'est le village de Montferrand-le-Château, à côté de Besançon, qui accueille l'évènement. Le collectif associe syndicats (CGT, FSU, Solidaires), associations (Attac, Apic, Mrap) et partis politiques (Alternatifs, GA, NPA, PG, PCF) qui souhaitent faire penser et promouvoir une autre société, débarrassée du capitalisme.

Pendant deux jours sont présentés un choix de spectacles (théâtre, musique, chansons, exposition, films, animations pour enfants, poésie), de stands (média alternatifs, livres, associations), de conférences et débats politiques, pour se divertir et aiguiser la conscience des festivaliers.

Le festival s'ouvre avec une conférence ayant pour thème « L'extrême droite aujourd'hui ».

Elle est proposée et présentée par le C.A.B. (collectif Antifasciste Bisontin), qui a été créé en 2012 après plusieurs agressions par un groupe d'extrême droite à Besançon.

Le C.A.B. a déjà fait quelques présentations de l'extrême droite à la maison des syndicats et a participé à plusieurs manifestations.

Le F.N. est l'arbre qui cache la forêt. L'extrême droite a beaucoup évoluée, et comporte de nombreuses mouvances. Qui plus est, la crise économique a favorisé sa progression en France et en Europe.

Pour illustrer ce contexte, la conférence commence par la projection de la « déclaration de guerre » de Génération Identitaire.

Ensuite, après un retour sur les origines du fascisme au début du XXIème siècle, les différents mouvements de l'extrême droite sont présentés et analysés.

La conférence est assez pointue et permet au public d'apprendre beaucoup de choses sur les différentes facettes de ce paysage politique mal connu mais dont l'influence est loin d'être négligeable.

Un document sous forme de carte, qui a été distribué au public, résume assez bien la situation. Vous pouvez le voir en cliquant ici.

Le festival continue avec le concert de Go Spleen (Folk) et la projection du film « La Saga des Conti » de et en présence du réalisateur Jérôme Palteau.

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La deuxième conférence commence ensuite.

« Le combat d'une municipalité pour le retour à une régie publique de l'eau » est animé par Gabriel Amard, président de la Communauté d'Agglomération Les Lacs de l'Essonne et conseiller municipal de Viry Châtillon.

Gabriel Amard a mis en place en 2010 une régie publique de l'eau dans son agglomération.

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Il a été confronté à des problèmes insoupçonnés, causés principalement par le lobbying intensif d'une grande multinationale du secteur qui a tenté de faire capoter le projet.

Au cours de cette épopée, l'élu a découvert tous les travers de la gestion de l'eau en France. L'eau, substance naturelle et indispensable à la vie, au même titre que l'air que nous respirons, fait l'objet d'un business florissant où règne une certaine opacité.

Décidé à partager son expérience pour qu'elle profite aux autres communes et à tous les citoyens, Gabriel Amard a rédigé plusieurs ouvrages très documentés, et anime régulièrement des conférences.

Cet après-midi à Montferrand-le-Château, il nous explique les enjeux de la gestion de l'eau et les intérêts d'une régie publique. Le public, qui comptait plusieurs élus de communes franc-comtoises, lui a prêté une oreille attentive.

Le débat qui a suivi la conférence fut très animé.

D'autant plus que Gabriel Amard s'est aussi intéressé à la distribution du gaz et à la gestion du chauffage collectif. Les participants sont repartis avec de nombreuses informations utiles.

Vous trouverez plus d'informations sur son blog www.gabrielamard.fr

Le festival continue avec un spectacle de cirque. « Les Risks Totaux », une des troupes du Sérious Road Trip, propose au public un spectacle de jonglage... qui ne manque pas de tranchant !

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La troisième conférence de la journée débute ensuite.

Elle a pour thème « Quel avenir pour le syndicalisme ? »

L'animatrice, Sophie Béroud, maître de conférences en Sciences politiques à l'Université Lyon II, est l'auteur de l'ouvrage « Quand le travail se précarise, quelle résistance collective ? »

Elle commence par dresser un portrait assez sombre de la lutte sociale en France.

Aujourd'hui le manque de mobilisation se combine avec la division du syndicalisme, dont plusieurs acteurs qui accompagnent les réformes néo-libérales, confortés par la première mesure d'audience de représentativité après la réforme de 2008.

La CFDT, la CDTC et la CGC, qui accompagnent les réformes, totalisent plus de 50% des suffrages.

Mais il existe aussi une dynamique plus positive.

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En effet, si en France seule 8 à 9% de la population active est syndiquée (14% dans le public, 3% dans le privé, surtout dans les grandes entreprises), les grands mouvements de mobilisation sociale existent toujours, avec plusieurs millions de personnes dans les rues comme en 1995, 2003, 2006 et 2010.

Cette situation contraste avec les autres pays européens où le taux de syndicalisation est élevé mais les mouvements sociaux moins importants. En Espagne, dont le taux de syndicalisation est de 25%, lors du mouvement des indignés, les syndicats ont étés perçus comme faisant partie du système. Cette forme de syndicalisme s'est désintéressée des salariés précaires.

Ce n'est pas le cas en France, où d'une part la diversité du syndicalisme est plus forte, et où d'autre part certaines organisations (CGT, FO, et la CFDT dans certaines entreprises) ont choisi la lutte.

Sophie Béroud nous explique comment le syndicalisme, qui avait un rôle politique a l'origine, y a renoncé, et pourquoi c'est une erreur.

A l'origine, le syndicalisme a été définit par « la double besogne » de la charte d'Amiens de 1906 : il doit lutter au quotidien sur le plan économique, et en même temps il doit porter un projet de transformation radicale de la société. Le syndicalisme a donc par nature un rôle profondément politique.

Les choses ont commencées à évoluer lors de la prise de distance entre la CGT et le Partit Communiste. A l'époque, cette position était tout à fait logique car les syndicalistes ne voulaient plus être en position de subordination par rapport à un parti politique.

Mais elle a eu des effets pervers, celui d'enfermer le syndicalisme dans le prisme étroit des négociations à l'intérieur de l'entreprise, le privant de toute réflexion sociale et globale. De plus, dans cette philosophie, les sections syndicales de chaque entreprise se trouvent isolées.

On peut résumer l'erreur commise avec la formule suivante : « les syndicats voulaient se séparer des partis, mais ils se sont séparés de la politique. »

Il faut comprendre politique au sens étymologique du terme, la vie de la cité, et non simplement le clivage UMP / PS.

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Cette philosophie correspond à l'esprit de la réforme de 2008 sur la représentativité syndicale, c'est la raison pour laquelle le MEDEF s'y est montré très favorable.

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Les syndicats français se sont retrouvés pièges dans la voie de l'institutionnalisation non seulement à cause de cette peur de se retrouver dans un rôle politique, mais aussi pour deux autres raisons.

La première est la dynamique de recomposition qui a eu lieu en 1995, avec notamment l'exclusion de plusieurs groupes de la CGT.

La deuxième raison est la difficulté à élaborer un projet de transformation radicale de la société. « Maintenir une politique industrielle » et « Défendre les acquis sociaux et les services public » consistent à s'opposer à un recul, mais pas à proposer un changement. Hors, se contenter uniquement de s'opposer à un recul des libertés acquises conduit inévitablement à un déclin. Pour que l'équilibre se maintienne, il faut impérativement faire des propositions progressistes.

Ainsi, la revendication d'une réduction massive du temps de travail a disparu après la réforme des 35 heures, alors que cette revendication est encore d'actualité (productivité élevée et chômage de masse persistant).

Qui plus est, une réduction du temps de travail est un levier permettant de répondre à des besoins sociaux dépassant le cadre du monde du travail : partage des tâches ménagères, éducation des enfants, crise du bénévolat, démocratie participative, ... et même l'alimentation, avoir le temps de cuisinier éviterait le recours massif aux plats industriels couteux et mauvais pour la santé.

Sophie Béroud tiens à conclure sa conférence sur un constat positif.

En France, un des éléments importants des années 2000 est toute la mobilisation autour des salariés précaires.

C'est un enjeu important car tendanciellement, les cadres sont plus syndiqués que les ouvriers. C'est assez surprenant, mais c'est dû aux nombreux processus d'externalisation qui font que les emplois de base sont maintenant occupés par une myriade de petits sous-traitants au lieux d'être intégrés aux grandes entreprises. De même, la situation professionnelle des femmes et des personnes issues de l'immigration reste précaire, et avec la crise elle se dégrade.

Le monde syndical a trouvé des solutions pour défendre ces salariés.

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L'une d'elle est la création de syndicats « de site ».

Par exemple, dans la grande distribution où, en plus du syndicalisme de groupe, il se développe des syndicats dans chaque centre commercial.

De même sur les gros sites de production industrielle où les statuts des salariés différent (salariés travaillant ensemble mais dépendant de nombreux sous-traitants différents) des unions locales regroupant tous les salariés du site se mettent en place, quelquesoit leur employeur et leur statuts.

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Des coordinations de salariés précaires ont également vu le jour. Cela implique pour les organisations syndicales d'être ouvertes et d'accepter de défendre des salariés non syndiqués car ne pouvant se syndiquer.

Dans le secteur de l'aide à domicile, qui a connu un fort développement ces dernières années, les salariés précaires employés par des associations ou des PME ont été invités à participer à des débats après leur journée de travail. Les syndicats renouent ainsi avec les pratiques de la fin du XIXème siècle, en allant rencontrer des salariés en dehors du cadre de l'entreprise.

Néanmoins ces actions hors du cadre de l'entreprise restent fragiles. Elles sont basées sur le volontariat et les participants ne bénéficient pas de la protection du code du travail. Les syndicats des grands structures se mobilisent, utilisant leurs permanents et leurs ressources pour financier ce type d'action.

Ces évolutions sont cruciales pour l'avenir des luttes sociales.

Il y a aussi un enjeu en terme générationnel, pour la transmission des pratiques. Certaines fédérations CGT comptent plus de 50% de retraités.

Deux autres éléments contribuent aussi à reconfigurer le syndicalisme.

D'abord la réflexion sur les risques psychosociaux, qui a obligé les équipes militantes à retourner voir les salariés sur le terrain pour leur demander de parler de leur travail.

Ensuite, la mise en place d'alliances entre différentes structures hors entreprise, comme des associations de consommateurs. Le syndicalisme s'est ouvert à d'autres enjeux, notamment environnementaux. Le cas d'AZF avec l'opposition des associations de riverains et les syndicats de salariés à servit de déclencheur.

Bonne nouvelle donc. Le syndicalisme que certains croyaient mort n'a pas dit son dernier mot.

Le festival enchaine avec la pièce de théâtre « L'être ou l'avoir » de la compagnie Lune Rousse, et le concert de musique tzigane du groupe Astarojna.

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Le Groupe Antinucléaire Bisontin nous propose ensuite la projection du film « High Power » de et en présence de son réalisateur Pradeep Indulkar.

Le film est un documentaire réalisé entre 2011 et 2012, qui parle des conséquences sur la santé des riverains de la première centrale nucléaire indienne, construire en 1967.

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Ce film sert également la mobilisation des habitants de Jaitapur, qui se battent actuellement contre un projet de construction de sept réacteurs EPR.

Pradeep Indulkar voyage de pays en pays pour diffuser son film, qui a été censuré en Inde, et récolter des soutiens.

La soirée se termine en musique avec le concert de rock psychédélique du groupe Moby Prick.

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Le festival reprend dimanche matin, avec une chorale militante, qui chante les chansons révolutionnaires emblématiques de France et d'Europe.

La première conférence débute ensuite. Animée par Samuel Chaîneau, professeur de philosophie, elle a pour thème « La psychologie du coup de balai ».

Notre époque est animée par l'idée et le désir de changement, et les expressions du type « il faut un grand coup de balai », « il faut que ça pète », « ras le bol », ... reviennent régulièrement sur les lèvres des acteurs associatifs, syndicaux et politiques.

Samuel Chaîneau précise le cadre de sa réflexion :

- dire qu'il y a une psychologie du coup de balai, ne veux pas dire que les gens ont une volonté révolutionnaire, c'est du langage, peu propice au passage à l'acte ;

- il s'agit de faire la critique du mouvement des indignés pour analyser pourquoi ça n'a pas marché. La mobilisation des indignés était à la fois très forte et très populaire, mais elle n'a abouti à absolument rien de concret.

La cause était partagée, mais c'est la modalité d'action choisie, de type « anarchisme romantique », qui a conduit à l'échec.

La voie choisie par les indignés semblait logique : « A quoi ça sert d'occuper une place publique si on reproduit l'organisation du système que l'on est sensé combattre ? » Les acteurs du mouvement ont donc choisi de se structurer de façon horizontale, le but étant d'éviter d'avoir recours à une hiérarchie avec des représentants. C'est une erreur pour deux raisons.

Il s'agit d'abord d'une confusion idéologique entre pouvoir et domination. Vouloir créer une société sans rapport de force ne peut pas exister, les relations de pouvoir sont normales, il faut juste veiller à ce qu'elles ne s'inscrivent pas dans un schéma figé de domination.

Ensuite, sur le plan pragmatique : ça ne marche pas. Immédiatement, des gens ont pris le pouvoir dans les AG et les commissions.

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A leur décharge, il faut dire que les mouvements sociaux sont pollués par des « légendes » faites de l'idéalisation d'actions passées, ce qui les empêche de tenir compte des leçons de l'histoire.

De même, cette logique a conduit les indignés à refuser la création de toute forme d'institution, suivant le mythe selon lequel « un individu est pleinement libre que si à chaque instant on peut vérifier son accord avec la règle, il faut qu'il ait participé à l'élaboration de cette règle ». Les adhérents se sont retrouvés monopolisés par des assemblées générales tous les jours.

On ne construit aucune société sans institutions, ce sont des économiseurs d'énergie. On définit des règles et on les conserve pendant suffisamment longtemps pour pouvoir s'occuper d'autres tâches. L'organisation d'élections permet de remettre en cause régulièrement les règles et de conserver ainsi un fonctionnement démocratique.

Créer de l'institutionnel devrait être la première démarche de tout groupe révolutionnaire.

L'absence de structuration efficace n'est pas la seule responsable de l'échec des indignés. La stratégie qu'ils avaient choisie est aussi en cause.

Le mouvement des indignés est basé sur une stratégie de « niche », c'est-à-dire regrouper dans un même espace, sous forme de microsociété, tous les gens qui pensent la même chose.

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Pour que ça fonctionne, il faut soit choisir la voie institutionnelle, ou soit entrer en conflit avec l'autorité en place et mener une révolution.

Problème : les indignés ne voulaient pas devenir des révolutionnaires et ils refusaient aussi la voie institutionnelle. Leur mouvement s'est donc retrouvé dans une impasse.

Si tout le monde voit ce qu'est une révolution - de 1789 en France jusqu'à aujourd'hui avec le Printemps Arabe - la voie institutionnelle semble moins évocatrice.

Nous connaissons pourtant tous un exemple de niche institutionnelle qui a réussi : l'agriculture biologique.

Dans les années 1970 des agriculteurs ont choisi une voie différente de celle du système en place, mais en respectant les normes d'hygiène, le code du commerce et du travail, et en utilisant le réseau de distribution existant.

Le bio a réussi son pari ; à l'origine marginal il s'est développé au fur et à mesure et est aujourd'hui accessible à tous et arrive à peser dans le monde de l'agroalimentaire.

Le refus de la voie institutionnelle des indignés allait jusqu'à refuser toute revendication, « car revendiquer c'est demander au système, c'est attendre de notre adversaire qu'il nous accorde ce contre quoi on se bat contre lui. »

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Ce paradoxe est certes réel, mais sans revendication, on n'aboutit à rien. Les indignés se sont retrouvés enfermés dans le culte de la participation, qui se résume à la satisfaction d'avoir protesté.

Un autre aspect du mouvement des indignés les a conduit à une situation de blocage permanant, l'obsession du consensus. Toutes les décisions devaient se prendre au consensus, et pas à la majorité, qui était perçue comme une oppression de la minorité par la majorité.

En pratique, avec plusieurs milliers de membres, aucune décision importante ne pouvait être prise. Pire, tout devait être repris depuis le début à chaque arrivée d'un nouveau participant.

Le mouvement a fini par renoncer au consensus, et des votes à la majorité des 4/5 se sont mis en place.

Les indignés sont également tombés dans le piège du fantasme de la « conscience commune ».

Problème : cette « âme commune » permet d'attribuer à une population hétérogène une opinion stéréotypée et invérifiable (« les français pensent que... »).

D'autre part, cette « conscience commune » ne se décrète pas après un vote, mais ne peut être que le fruit d'une longue vie commune.

Samuel Chaîneau conclu son exposé en disant qu'avec le contexte actuel, des mouvements de ce type ne peuvent que se reproduire. Pour qu'ils aboutissent à un résultat concret, ils ne doivent pas répéter les erreurs des indignés.

Le festival continue avec Abdel, le conteur ambulant, puis la projection d'un film proposé par l'Association France Palestine Solidarité.

Le documentaire montre différents aspects de la vie des palestiniens, dépendants de l'autorité israélienne dans leurs activités quotidiennes, qu'il s'agisse de travailler ou de pouvoir se soigner.

Le groupe A Little Hapiness nous propose ensuite un concert de Pop Folk, et le public peut découvrir un deuxième film, proposé et présenté par Jean Michel Cretin, qui s'occupe du Cinéma de la Scène Nationale de Besançon.

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« La traversée », d'Elisabeth Leuvrey, est un documentaire sur l'immigration, qui date de 2006.

Il a reçu de nombreuses récompenses, et avait marqué les esprits à l'époque, notamment par sa forme originale qui le distingue des autres films consacrés au même sujet.

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La réalisatrice et sa caméra ont embarqués sur un bateau qui fait la navette entre Marseille et Alger. Les destins des uns et des autres qui se croisent sont autant de rituels de passage, entre ceux qui partent pour la première fois, ceux qui rentrent au pays, et ceux qui font l'aller-retour pour leur traditionnelle visite familiale annuelle.

La deuxième conférence de la journée commence. Animée par Christian Grisollet (CoPrésident de l'ACIPA), elle s'intitule « Les grands projets inutiles : Notre Dame des Landes ».

Elle traite de la mobilisation citoyenne importante contre le projet du nouvel aéroport du grand ouest, mais aussi des autres grands projets du même type ailleurs en France et en Europe.

En effet, les enseignements tirés par les militants de l'ACIPA se révèlent précieux pour impliquer et mobiliser les citoyens sur d'autres grands projets sujets à polémique : lignes à grande vitesse, EPR, ligne THT, centre d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure, autoroutes, ferme-usine des mille vaches, ...

Ensuite, la compagnie La Carotte propose son spectacle « Tous dans le même caddie », qui mêle théâtre, jeu impliquant la participation du public et dégustation.

La pièce met en scène une mère et son fils. A l'origine accro à la malbouffe, le fils va s'orienter vers une alimentation plus saine.

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Le public est invité à réfléchir sur les obstacles qui l'empêchent de consommer bio. Le spectacle se termine par une dégustation comparée de produits industriels et bio.

Le fantaisiste Guy Targot enchaîne avec son concert déjanté, et la compagnie Robert et Moi joue sa pièce « Le théâtre des Petits Roberts ».

Ensuite, le film « Les Moissons du Futur » de Marie Monique Robin est projeté, puis suivit d'un débat avec l'agronome Mathieu Cassez.

Le film parle des conséquences de l'agriculture industrielle, et montre différentes formes d'agriculture biologique ayant fait la preuve de leur efficacité.

Le festival se termine par une table ronde des partis de gauche sur le thème « Un projet écologiste est-il possible sans porter atteinte à nos libertés ? »

Des représentants du NPA, du PCF et du Front de Gauche exposent leur point de vue sur la question, avant de répondre aux questions du public.

Le Front de gauche :

Nous préférons parler d'écosocialisme au lieu d'écologie. Il faut éviter une écologie autoritaire. La question à laquelle il faut répondre est plutôt comment réaliser un projet écologiste sans porter atteinte à nos libertés ?

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On pourrait croire que la liberté c'est le capitalisme, mais non. Le capitalisme, c'est le despotisme, c'est la liberté pour ceux qui détiennent le capital et qui imposent leur modèle.

Aurions-nous la liberté de consommation ? Non, car cela suppose déjà d'avoir les moyens pour consommer (la plupart de nos dépenses sont contraintes), et d'autre part la consommation est déterminé par la possibilité pour les détenteurs de capitaux de faire des profits, et non par les besoins des gens. L'obsolescence programmée est un exemple édifiant.

Le capitalisme, c'est comme le canada dry, ça a le gout de la liberté, mais ça n'en est pas.

Concernant le développement, il sera nécessaire d'augmenter la production de biens de base pour satisfaire les besoins des populations dans le besoin, tout en réduisant la boulimie de consommation des plus riches.

Ce projet écosocialiste doit reposer sur l'accord de la majorité de la population. Nous ne voulons pas une dictature au nom de l'écologie.

Le NPA :

Pour répondre à la question, il faut se mettre d'accord sur quelle ‘liberté' on parle. Il ne s'agit pas de défendre la liberté d'entreprendre, la libre circulation des capitaux, la liberté de consommer, ou encore la liberté de produire n'importe quoi, comme des produits suremballés.

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Il ne faut pas fantasmer sur nos soi-disant ‘libertés'

Le projet écologique du NPA ne se situe pas dans une décroissance extrémiste, ni dans le néo-malthusianisme et encore moins le néofascisme.

Nous nous opposons aux conceptions individualistes de l'écologie, qui culpabilisent les individus qui n'ont pas le choix, comme le travailleur qui finit par s'excuser de prendre sa voiture pour aller au boulot.

Il y a des chantiers importants à mener avec l'arrêt du nucléaire et des industries fossiles.

Nous devons repenser notre appétit pour ne produire que ce dont nous avons besoin.

Par exemple, il faut arrêter l'armement.

Il faut produite pour la satisfaction des besoins sociaux et non plus pour faire des profits ; c'est une atteinte à la liberté d'une minorité de parasites que nous pouvons accepter !

Moraliser le capitalisme est illusoire, car ça revient à s'attaquer à son fondement. Cela est illustré par le bilan de la participation des verts au gouvernement Hollande, qui est un échec.

Se pose la question de savoir comment on réalise cette transition, et quelle place doivent prendre les acteurs de ce changement.

La solution c'est une révolution pour renverser le capitalisme, et refuser une planification venant d'en haut au profit de l'autogestion.


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Le PCF :

Beaucoup de choses ont déjà été dites, les différentes forces de gauche se rejoignent sur de nombreux points.

L'évolution écologique n'est pas une menace pour notre liberté, au contraire c'est notre seule espoir de survie, comme le montre les rapports du GIEC.

L'avantage de l'écologie, c'est qu'elle nous oblige à penser les choses dans leur globalité. Mais c'est aussi son point faible : par où commencer ?

Depuis son apparition, l'écologie a été reprise par presque toutes les formations politiques. Il existe une certaine difficulté à élaborer une pensée systémique.

Nous devons débattre à propos de la question de la croissance et de l'idée de progrès.

Le progrès est indispensable, pour les dix milliards d'êtres humains qui peupleront la terre demain.

Nous devons envisager la perspective d'un changement global de la société, en couches successives : gestion de l'eau, agriculture, industrie, économie, mondialisation ...

Comme le disait déjà Karl Marx : « Le capital (...) épuise la terre et le travailleur »


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Plusieurs points ont fait réagir le public.

Notamment le fait que si on laisse le peuple décider, la majorité ne va pas nécessairement choisir la sobriété énergétique.

De même, la notion de besoin est très subjective, et les désirs encore plus.

Plusieurs personnes insistent sur le fait que la protection de l'environnement nécessite des actions rapides et efficaces, sous peine de franchir rapidement un point de non-retour.

Une autre personne évoque la nécessité d'exemplarité, notamment en matière de transport.

Réponse du Front de gauche :

L'urgence est à l'échelle d'un demi-siècle (GIEC), à la hauteur d'une génération. Le capitalisme a des réponses à l'urgence qui vont empirer la situation, comme le gaz de schiste ; il faut lui opposer une alternative comme l'énergie solaire.

Concernant l'exemplarité : le choix du vélo est une solution, mais un char en Syrie brûle 300 litres à l'heure ; il faut penser à l'échelle mondiale.

Donner la parole aux gens peut aboutir à un résultat positif si l'on sait poser les bonnes questions.


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Demander des efforts de sobriété peut aller avec une réduction du temps de travail. Il serait intéressant de voir ce que la population répondrait si on demande aux gens de choisir entre se contenter de moins et travailler 20 heures par semaine, ou continuer à consommer autant et travailler 35 heures.

La population n'aime pas se tirer une balle dans le pied si elle a la possibilité de l'éviter.

Des mesures simples peuvent être efficaces tout de suite, comme la tarification incitative de l'eau ou la gratuité des transports en commun.

Il faut aussi penser aux conditions de travail pour permettre des pratiques écologique, comme l'adéquation des horaires de travail et des transports en commun.

Loin de moi de penser qu'il est inutile d'avoir une réglementation et des institutions, mais les lois votés par le parlement européen n'ont aucun effet. La taxe Tobin, envisagée par Chirac (0,1% de taxe sur les transports en avion) n'a toujours pas été mise en place.

La réglementation est nécessaire, mais elle ne bouge pas un certain nombre d'éléments décisifs. Les « droits à polluer » se vendent comme une marchandise.

C'est d'abord un travail de terrain qui fera évoluer les choses.

L'arrêt du programme nucléaire en Allemagne s'est fait en remettant en place des centrales au charbon, au lieu d'investir dans une énergie propre, sans consultation ni débat politique.

Oui il faut des réglementations mais il ne faut pas se tromper sur l'élément décisif du changement.

Il faut aussi prendre en compte d'autres dimensions : donner accès à l'éducation, rendre du temps aux gens (temps de travail effectif 38h par semaine en moyenne), ...


Réponse du NPA :

Effectivement demander l'avis de la population est un pari. Pour le choix entre les transports en commun et la voiture, il faut que le transport soit présent partout et les horaires compatibles avec les horaires de travail.

Je ne crois pas en des règles imposées ni de planification par l'état, j'imagine quelque chose qui part des besoins constatés, et d'une concertation citoyenne.

Il est nécessaire de tirer les leçons de l'histoire ; par exemple voir comment l'utopie de 1917 a conduit à un productivisme forcené et une dictature, pour éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Il y a une urgence écologiste, oui, mais il y a aussi une urgence sociale ; il faut lier les deux. En effet, quand on est en grève sur le lieu de travail, et qu'on se retrouve à discuter, il y a un certain nombre de choses qui se libèrent. Des systèmes d'autogestion et d'auto organisation peuvent être hyper-performants, comme l'a montré l'expérience des LIP.

La prise de conscience existe et se répand, il faut travailler dessus. Mais il faut se rappeler que dans notre monde capitaliste, nous n'avons pas tous les mêmes intérêts. Il ne faut pas perdre de vue que le projet écologiste s'attaque directement au système capitalisme.


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Réponse du PCF :

La meilleure façon de rentrer dans le sujet n'est pas de parler en termes d'individu. Le meilleur moyen de ne pas résoudre un problème, c'est de le poser comme ça.

23 millions de logements en France ne sont pas BBC ; la mise en place d'une filière de rénovation créera de nombreux emplois et résoudra une partie du problème environnemental.

Il faut élaborer un programme sur l'alimentation, le chauffage, les déplacements, et voir comment le mettre en place.

Il faut aussi penser global au niveau du monde entier. Les débats vélo/voiture n'existent pas au Niger ! Une grande part de la population mondiale souffre de pénurie.

Le problème ce n'est pas les réformes mises les unes à côtés des autres, mais le cœur du système basé sur le profit. Il faut mettre nos compétences scientifiques et techniques au service de l'environnement et non plus du profit.

Il y a une prise de conscience mais rien ne change – les pays émergents se développent en suivant le modèle que nous essayons de quitter.

Par rapport aux choix énergétiques de l'Allemagne, il ne faut pas oublier que les 20% d'éolien cachent 80% de gaz et de charbon.

Je reste persuadé que la réponse passe par le politique.


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Ce troisième festival du Collectif pour des Alternatives au Capitalisme est maintenant terminé.

Malgré une météo peu favorable, plusieurs centaines de personnes ont fait le déplacement. Que l'on soit d'accord ou pas avec les idées exprimées, cet évènement de proximité favorisant l'intérêt des citoyens pour la politique est une bonne chose pour notre démocratie.

L'évènement témoigne de l'importance grandissante des problèmes environnementaux, qui figurent maintenant au cœur de tous les programmes politiques. Même s'il reste du chemin à parcourir, les conditions sont prêtes pour la mise en place d'une politique écologique globale.

J'ai particulièrement apprécié trois des six conférences proposées. D'abord le « combat pour la remise en place d'une régie publique de l'eau » de Gabriel Amard nous montre pourquoi et comment le public doit se réapproprier la gestion des ressources essentielles à notre vie.

Ensuite « La philosophie du coup de balai » de Samuel Chaîneau, qui délivre des enseignements utiles pour tous celles et ceux qui cherchent à monter des structures alternatives en voulant éviter de tomber dans les mêmes pièges que toutes les utopies qui ont échouées dans le passé.

Enfin, l'analyse de Sophie Béroud sur le syndicalisme nous offre un recul très pertinent sur la philosophie à suivre et les enjeux d'aujourd'hui.

Ci-dessous vous trouverez les photos et les vidéos du festival.


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