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De passage chez nos voisins Bourguignons, je ne pouvais pas manquer l'occasion de rendre visite au chantier médiéval de Guédelon.

Ce projet combine toutes les choses qui m'intéressent et que j'ai cœur à défendre : l'histoire, le travail manuel, et l'envie d'amener le grand public vers la science de façon ludique.

Depuis bientôt 20 ans, les 70 personnes qui travaillent sur ce chantier réalisent la plus grande expérience d'archéologie expérimentale jamais imaginée : construire de A à Z un château fort du XIIIème siècle en utilisant uniquement les techniques de l'époque.

C'est Michel Guyot qui a cette idée en 1994. Il est déjà connu pour avoir restauré le château de Saint-Fargeau non loin de là.

Cette idée a pu sembler complétement folle à ses débuts. Il faut d'abord trouver des financements. Ensuite, un tel projet nécessite 30 ans, il engage donc à long terme les personnes et les institutions impliquées. Enfin, le projet est exigeant, et nécessite de faire travailler ensemble archéologues, scientifiques, artisans, partenaires privés et publics, pour un chantier devant à la fois correspondre aux techniques de l'époque, avoir l'aval de l'inspection du travail et obtenir les autorisations nécessaires pour accueillir du public.

Malgré l'ampleur du projet et toutes ces contraintes, trois ans plus tard, Michel Guyot a réussi son pari : des fonds ont été levés, un comité scientifique a validé le projet, un terrain a été trouvé, et le château voit sa première pierre posée le 20 juin 1997, au travers de l'Association des Compagnons Bâtisseurs de Puisaye, créée à cet effet.

Le chantier est visitable du début mars à novembre, le reste de l'année il tourne au ralenti, avec notamment les tailleurs de pierre qui continuent leur travail. La première année, 80.000 visiteurs sont au rendez-vous. Maintenant, le château reçoit plus de 300.000 visites chaque année.

Guédelon a réussi à être à la fois une expérience d'archéologie expérimentale très aboutie, une attraction touristique, et un lieu de formation, le chantier accueillant chaque année de nombreux stagiaires, apprentis et enfants des écoles.



Un conseil : si vous voulez visiter le chantier médiéval, prévoyez une journée complète. Rien n'a été laissé au hasard : derrière chaque atelier et chaque coin de mur se cache une légende faite de détails techniques, de tours de mains et de faits historiques.

Tout commence par le choix de l'époque et de l'architecture : le fort de Guédelon est un château Philippien du XIIIème siècle, qui se situe à la fin du moyen-âge (le moyen-âge est la période allant de 476 à 1492).

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Les plans du château ont réalisés par Jacques Moulin, l'architecte en chef des monuments historiques.

Le fort de Guédelon comporte un mur d'enceinte avec six tours rondes. Les tours comportent notamment des salles de tir pour la défense. Le mur d'enceinte comporte un chemin de ronde qui permet aux soldats de tirer et de s'abriter des projectiles des assaillants.

A l'abri dans la forteresse, se trouve le logis seigneurial, une chapelle, des réserves d'eau et de nourriture, et une grande salle servant de tribunal ou accueillant les banquets et les cérémonies.

La première chose importante lors de la construction du château fut le choix du terrain. Il doit être bien situé pour avoir une vue dégagée sur les environs et les ressources naturelles nécessaires à la construction du château doivent se trouver à proximité : pierre de carrière, bois, eau.

Le fort de Guédelon est construit avec les matériaux trouvés sur place, du grès ferrugineux, ce qui explique sa couleur qui tend vers l'orange.

Une équipe d'essarteurs a commencé par déboiser et défricher le terrain, avant que des terrassiers ne le rendent plat. Les maçons ont pu alors commencer les fondations.



Les matériaux à extraire et à mettre en forme sont :
- la pierre, principal constituant du château ;
- l'argile pour faire les tuiles et les pavés en terre cuite ;
- le bois, utilisé pour les planchers et charpentes, mais surtout utilisé pour les outils et les échafaudages, et également comme combustible.
Tous ces matériaux sont extraits des environs du château selon les techniques de l'époque.

Le chantier nécessite aussi :
- du fer pour les outils, ce matériau étant onéreux les outils sont dans la mesure du possible constitué d'un maximum de bois ;

- du chanvre pour réaliser les cordages ;
- du verre ;
- différents substances minérales, végétales ou animales pour les colles, les peintures, …

Le chantier comporte un atelier de forge, plusieurs forgerons fabriquent les pièces en métal (gonds des portes, chaînes), les armes, les outils. Les forgerons s'occupent également de la réparation des outils usés et de leur affutage.

Les carriers extraient la pierre du sol, et les tailleurs de pierre les mettent en forme. Les éléments de maçonnerie tels que les escaliers, les encadrements de portes et des fenêtres, ou les voûtes demandent un soin particulier. Les tailleurs doivent respecter des cotes de fabrications précises indiquées sur les plans ; ils utilisent des gabarits de formes en bois, et chaque pièce est numérotée et munie de repères.

Les maçons réalisent le montage des murs, des escaliers, des voûtes, des encadrements de portes et de fenêtres. Ils doivent d'abord fabriquer le mortier, à base d'eau, de sable et de chaux.

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Ensuite ils doivent transporter et hisser les lourds blocs de pierre. Pour ce faire ils utilisent des charriots puis une « cage d'écureuil » mue par des hommes pour monter les blocs.

En effet, pour respecter les techniques médiévales, à Guédelon point d'électricité ou de moteurs, tout est fait à la main. Des chevaux sont également mis à contribution pour tirer les lourdes charges.

Guédelon comporte une corderie permettant de tresser des cordes de tout diamètre, allant de 3 à plus de 160 brins. Néanmoins, sur le chantier, les cordes utilisées pour les opérations de levage sont synthétiques pour des raisons de sécurité.

L'argile extraite sur place est transformée en terre cuite pour fabriquer des tuiles, des pavés, des récipients, et aussi des tuyaux pour l'évacuation de l'eau.

Le travail du bois est essentiel. Le bois est d'abord le combustible indispensable pour faire fonctionner la forge et les fours pour la terre cuite ou cuire le pain.

Le bois est ensuite le principal constituant des outils et des mécanismes de levage. Le bois sert enfin à construire les planchers, les charpentes, et aussi et surtout les échafaudages.

En 2012, Guédelon va accueillir un nouveau projet d'archéologie expérimentale : un moulin hydraulique à farine.

En 2007 et 2008, sur le chantier de la LGV à Thervay dans le Jura, les vestiges de deux anciens moulins hydrauliques sont découverts. La découverte est exceptionnelle, car les pièces de ce moulin sont en bois, qui se dégrade assez rapidement avec le temps. L'un des moulins aurait fonctionné entre le VIIIème et le Xème siècle, l'autre entre le XIème et le XIIème siècle. Etant donné que le château de Guédelon date du XIIIème siècle, les bâtisseurs du château décident de construire une réplique du deuxième moulin.

Un moulin hydraulique fonctionne en faisant tourner une meule volante sur une meule dormante grâce à l'énergie d'un cours d'eau. Malgré les efforts en jeu, le mécanisme est principalement en bois. Le moulin construit à Guédelon est entièrement fonctionnel et il permet de moudre du blé pour produire de la farine.

Au moyen âge, le bois n'était pas scié mais tranché ou fendu, les pièces obtenues respectaient le sens du fil du bois ce qui leur conférait une grande solidité. Les arbres tordus étaient précieux car ils permettaient de réaliser des pièces à la fois courbes et solides.



Le chantier médiéval comporte également une ferme, un atelier de teinture et un atelier de peinture.

Le résultat est à la hauteur du travail réalisé : un château à la fois authentique et à l'état neuf, comme si l'on avait fait un bon de 800 ans en arrière.

Ci-dessous retrouvez quelques photos.

Vous trouverez toutes les informations avec les horaires des visites et les tarifs sur www.guedelon.fr