« Espace public »

L'expression est à priori banale, mais derrière elle se cachent mille visages.

Pour les uns, c'est juste un lieu de passage, un trait d'union sans importance entre l'endroit d'où l'on vient et celui où l'on va.

Pour d'autres, c'est cette place, avec ses bancs, ses arbres, la fontaine et la terrasse du café, qui fait partie de leurs vies. Comme si chaque pavé avait une histoire à raconter sur nos amours, nos amis, nos pleurs et nos peurs…

Pour d'autres encore, l'espace public est une chose sérieuse, avec plusieurs enjeux.



Enjeu économique, avec des logements, des bureaux et des magasins à construire, des prix au mètre carré et un retour sur investissement.

Enjeu de pouvoir, avec l'image de la ville qu'il faut donner, l'empreinte qu'il faut laisser.

Enjeu social, avec ceux qu'on souhaite attirer et ceux qu'on veut chasser, surveiller ou protéger.

L'espace public est aussi un terrain de jeu. Et pas seulement pour les enfants qui jouent au ballon ou à la marelle.

Il y a aussi un match entre ces grands enfants, ceux qui défendent leurs enjeux, et ceux qui résistent.

Pour pratiquer ces jeux-là, point de ballon ni de craie.

Les uns ont l'urbanisme, le design, le mobilier anti-SDF, les caméras de surveillance et les permis de construire. Les autres ont des bombes de peinture, des autocollants, des affiches et la nuit.

Alors bien sûr il y a plusieurs façons de jouer.

Certains préféreront un mur plus ou moins toléré pour y exprimer leurs recherches esthétiques. D'autres choisirons la provocation d'un lieu interdit, par goût du risque, pour imprimer un message politique, ou tout simplement pour la beauté du geste.

Les techniques elles aussi sont variées. Les bombes aérosol restent très utilisées mais il y a aussi des pochoirs, des feutres, des pinceaux, et des alternatives à la peinture comme les affiches et les stickers.

Les messages peuvent êtres très différents. Si plusieurs œuvres sont très directes, certaines ne peuvent être lues que par un public de connaisseurs, et quelques-unes conservent une part de mystère, laissant à celui qui les découvre toutes les interprétations possibles.



Que veulent bien dire ces créatures aux yeux qui pleurent ? Et ces petits chats noirs peints au pochoir qui s'incrustent derrières les statues, sous les fenêtres et au-dessus des boîtes-aux-lettres ?

Et qui a gagné le match ? Pour le dire, encore faudrait-il que le jeu soit terminé…

Ci-dessous, deux galeries photos du centre-ville de Besançon. La première a été réalisée Place d'Arènes, qui est un spot de graffeurs bien connu. La deuxième comporte des clichés de la boucle et du quartier Battant.

La prochaine fois que vous êtes en ville, ouvrez les yeux. Les murs ont des choses à nous dire…